vendredi 20 février 2009

16 février 2008

S'il y a bien une chose dont je sois en droit de me réjouir, c'est d'apprendre, d'une auditrice fidèle, que quelques-uns de mes billets sont polycopiés, qu'ils circulent de mains en mains et que ce que je dis ici est commenté, discuté et parfois même approuvé. Aussi bien, je vais donc, ce matin encore, vous entretenir de ce qui me tient à coeur en ouvrant, pour commencer, une petite parenthèse à caractère cinématographique, ce qui ne saurait vous étonner outre-mesure. J'ai été voir le dernier film des frères Coen. Dont mon comparse et néanmoins excellent ami Jean-Louis Dupont à dit, ici même, tout le bien qu'il pensait. Laissez moi de vous dire que cette fable sur grand écran, par moment absolument glaçante, est une petite merveille de méditation morale qui, bien que se passant aux lointaines Amériques n'en n'est pas moins, selon moi, parfaitement universelle. Je ne peux donc que vous inviter à sauter un repas ou faire le travail buissonnier et vous précipiter vers le cinéma le plus proche, fin de la parenthèse. Et, puisque samedi dernier, je vous invitais à vous mettre au travail - au seul vrai travail, celui de l'esprit – laissez moi commenter quelques-unes des nouvelles dont vous avez sans nul doute pris connaissance pendant la semaine écoulée, cela dans le but de vous donner de quoi réfléchir. Pour commencer, cette affaire des particules fines, produites par l'industrie lourde et bien sûr, par la circulation automobile et qui, ces derniers jours ont donné quelques soucis aux responsables publics à charge de la bonne santé des braves et innocents néo-citoyens que nous sommes. A entendre ces responsables, j'ai eu, ce qui ne vous étonnera pas, la très nette impression qu'ils pataugeaient méchamment dans la choucroute et que l'assurance affichée de ce que la situation était parfaitement maîtrisée cachait bien mal un embarras pour le moins dubitatif. Ajoutons à cela la prétendue bonne nouvelle de l'ouverture de l'aéroport de Zaventem aux compagnies à bon marché, avec pour conséquences, une augmentation des vols au dessus de la capitale, l'augmentation proportionnelle de la pollution atmosphérique, sans parler des nuisances sonores et autres que subissent les riverains. Nous sommes, en l'espèce, devant un fameux paradoxe en forme de dilemne, à moins que ce ne soit le contraire. D'un côté, l'on se réjouis et l'on frétille de contentement à l'annonce de la création de quelques centaines d'emplois ici ou là et, de l'autre, on est aussi contraint de constater que ces emplois vont nécessairement de pair avec la croissance d'activités dont la plupart engendrent les graves atteintes à un environnement dont on prend paraît-il la mesure en haut lieu. Cet aspect des choses ne se limite bien sûr pas à nos petites contrées, c'est partout sur cette malheureuse planète que se pose le même problème. Des centaines de millions de gens se précipitent chaque jour qui passe vers les lieux de leur aliénation, à pied, en bagnole, en train et en métro, turbinent plus ou moins gaiement sous les ordres de petits chefs, rentrent chez eux se vautrer devant des programmes de télévision le plus souvent d'une accablante bêtise, avalent leur repas aux pesticides, insecticides, métaux lourds et autres friandises et, après un bon rot, se mettent au lit afin d'être frais et dispos pour repartir le lendemain vers de nouvelles et passionnantes aventures. Il va tout de même bien falloir que l'on se mette à très sérieusement réfléchir au sens que peuvent encore avoir aujourd'hui les notions d'expansion économique, de production et de travail. Et, plus généralement et surtout, s'interroger sur ce que c'est encore, aujourd'hui, que de vivre.






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