vendredi 20 février 2009

2 février 2008

600.000. 600.000 quoi me demanderez vous ? 600.000 Euros sur mon compte aux açores ? 600.000 manifestants réclamant justice, équité, moralité publique ou du pain et des jeux ? Vous n'y êtes pas du tout. Juste 600.000 visiteurs au salon de l'auto qui a duré deux petites – ou longues – semaines, selon le point de vue. Et, dans les journaux télévisés, j'ai bien dû me résoudre à le vérifier, d'interminables minutes consacrées à ce non-évènement, de l'inauguration par la Princesse machin-chose jusqu'à la fermeture des lieux, dimanche dernier. En passant, un soir de la semaine dernière, ce reportage en direct sur notre chaîne de télévision de service public, avec reporter au abords du périphérique bruxellois, qui annonçait joyeusement un gigantesque bouchon sur le tronçon menant au plateau du Heisel, là, donc, où des milliers de gens se sont bousculés plus ou moins gaiement devant les gros jouets flambants neufs et écologiques, bien évidemment. Cela dit, j'apprend de sources généralement bien informées, qu'ils s'en trouvent, parmi vous, à me trouver bien sombre ces temps-ci. Je veux tout de suite les rassurer; mon âme est d'une légèreté et d'une fraîcheur tout bonnement prodigieuse et l'état du monde ne m'empêche pas de dormir; mais il m'emmerde, voilà. Et, de ma voix chaude et envoûtante, je compte bien continuer à le dire, même si cela compte pour pas grand chose au milieu des niagaras de sottises et d'insanités qui se déversent en flots aussi malodorants que méphitiques. Et la bagnole, pour en revenir à ces tas de ferrailles colorées, constitue, à mes yeux, l'un des plus forts symbole de cette post-modernité dont la vulgarité intrinsèque le dispute à la plus nauséabonde des prétentions à dire ce qu'il en est, en apparence et en apparence seulement, de la réalité. Car, chères auditrices et chers auditeurs du samedi matin, mettez vous tout de même bien profond dans vos jolies cervelles que le discours que ce monde tient sur lui même est un tissu de mensonges et de contre-vérités. Et les quelques voix – dont la mienne – qui s'évertuent à dire le vrai ou, à tout le moins, qui tentent de faire entendre une part de ce vrai, en sont encore à prêcher pour celles et ceux qui sont à même de les entendre. Pour les autres, les millions de millions d'autres de par ces terres désolées, tout va pour le mieux et il n'y a pas de raison de se faire le moindre soucis. Au reste, ce n'est pas là chose bien originale. On peut facilement imaginer que les riches propriétaires et la plèbe de Rome n'étaient en rien affectés par les alarmes des chefs d'armées qui voyaient venir les hordes barbares aux frontières de l'Empire. Sûrement, l'on vaquaient à ses petites affaires, on allaient voir les gladiateurs s'entretuer au Colisée, acclamer les conducteurs de chars au cirque Maximus, pendant que les intrigues se nouaient dans les couloirs du Sénat. Il faut seulement ne pas oublier que l'Empire millénaire s'est finalement dissous dans les soubresauts de l'Histoire, que Napoléon a fini ses jours dans les bras de Ste. Hélène, Hitler dans le bunker de la Chancellerie du Reich et dans les bras d'Eva Braun. Et moi, dans quels bras ? nous verrons bien. Maintenant, ce vers quoi nous allons sera sans commune mesure avec ce que nous connaissons des cataclysmes du passé. J'aime autant vous prévenir, nous allons en baver et pas qu'un peu. Et j'espère vraiment vivre encore quelques années afin de ne pas manquer une miette de l'effondrement et de la liquéfaction finale de la farce monstreuse qui a nom de progrès. Ah ! le spectacle de la dérisoire machine à jamais figée dans des montagnes de carcasses de toutes sortes: bagnoles, camions, roulottes de nouveaux riches, chars d'assaut, avions... Sombre, moi? Vous voulez rire...



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