vendredi 20 février 2009

9 juin 2007

A quelques heures de l’historique journée de demain je ne vous entretiendrais évidemment pas des animaux politiques (l’expression n’est pas de moi) qui ont eu l’honneur des pages de vos journaux et des émissions de radio et de télévision pendant suffisamment longtemps et, quand bien même en aurai-je l’envie, les règles en vigueur dans notre maison, me l’interdirait de toute manière. La chose étant entendue, je vous parlerais aujourd’hui d’animaux au sens strict du terme. Et cela dans le prolongement de ma chronique de samedi dernier qui, par ailleurs, a eu quelques échos chez certaines et certains d’entre-vous, qui vont dans le sens de ce que j’avais observé. Je n’avais pas rêvé. Les animaux, disais-je. Qui me fascinent et me troublent et qui, de tout temps ont préoccupés les poètes, les scientifiques et les philosophes, lesquels ont, à mon estime, dis pas mal d’énormités et de sottises au sujet de ces créatures à commencer par celle-ci: «Les animaux, contrairement aux hommes, ne possèdent pas de langage». Donc, ils sont muets, leur place dans l’échelle de l’évolution est clairement à l’échelon le plus bas et nous, les hommes, sommes fondés à user de notre puissance et de notre ingéniosité dans le but de nous les soumettre, les parquer dans des zoos, leur apprendre des tours dans les cirques pour la plus grande joie des enfants, les enfermer dans des laboratoires et les couper en morceaux, vivants, bien sûr et les massacrer en masse à seule fin d’extraire de leurs dépouilles telle ou telle partie de ce qui les constituait –os, poils, huiles et autres substances – possédant des vertus prétendument aphrodisiaques ou médicinales. Alors, oui, bien sûr, je ne puis avoir de longues conversations avec mes chats sur le fait de savoir s’ils possèdent une âme ou non, les poissons rouges n’entendent rien au latin, mais un chien bien dressé se couche quand son maître le lui commande, que ce soit en français, en allemand ou en japonais. On sait que les vaches donnent un meilleur lait quand on diffuse dans leur étable des pièces de Mozart plutôt que du hard rock mais il est bien évidemment inutile d’essayer de leur apprendre le solfège ou à jouer d’un instrument. Maintenant, quand au détour d’une rue j’en viens à surprendre les chants croisés de deux ou trois merles je ne puis me déprendre de cette impression très nette qu’ils se racontent des histoires, que leurs trilles joyeuses constituent bel et bien un langage, qui leur est propre et auquel nous sommes radicalement étranger. Ainsi en est-il de toutes les formes de communication que chaque espèce a pu développer et à laquelle toutes les autres sont tout aussi éloignées que nous le sommes, nous, du langage et des signaux subtils qu’échangent, par exemple, les abeilles, même si nous pouvons prétendre en avoir décodé une infime partie. C'est bien l'une de nos plus terrible présomption que de croire et nous persuader que nous sommes en tous points la plus haute manifestation du génie inventif de la Nature, qu'en nous et en nous seuls se concentrent toutes les qualités qui fait de notre espèce celle qui, souverainement et aveuglément, s'arroge le droit de disposer de toutes les autres ou de leur dénier toute forme de droit à l'existence. De là, aussi, entre nous et pour notre malheur, ce penchant que l'on ne trouve nulle-part ailleurs dans le vivant qui nous voit décréter que tels de nos frères humains n'en sont pas et qu'à l'instar des bêtes l'on peut les enfermer dans des cages, les battre, les torturer et les exterminer par centaines de milles ou de millions. Cela s'est vu, cela se voit, cela, hélas, se verra encore. Nous sommes des hommes, tout de même...



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