lundi 9 mars 2009

15 mars 2008

Il ya des jours, comme ça, qui sont plus propices que d'autres à l'émerveillement, aux surprises heureuses et aux rencontres. C'était samedi dernier, pour ne rien vous cacher. Et j'avais décidé d'enfin visiter la biennale de photographie de Liège qui se tient en plusieurs endroits différents, ce qui permet, d'une part de découvrir des choses passionnantes et, d'autre part, de se promener et d'aller d'un lieu à l'autre de la ville ce qui, en cette belle journée printanière, ne manquait pas de charme. Je vais vous dire, pour commencer, que cette exposition est une réussite, que celles et ceux qui l'ont conçue ont fait là un travail remarquable et que, si vous passez par ici, vous ne pouvez en aucun cas manquer cet évènement. Ce qui se donne à voir là, sous le thème de “territoires” - au pluriel - ce sont, en effet, des images venant des quatre coins du monde; elles mettent en scène des espaces vides de toute présence ou bien habités, des villes en lambeaux, des étendues sinistrées, mais aussi des chambres, des paysages enneigés, des postes frontières, enfin, de ces lieux anodins, terrifiants ou chargés de poésie où vivent et meurent les hommes et les femmes de ce temps. Car oui, ces images où se mêlent la tendresse et la compassion, qui rendent compte, aussi, de la cruauté et de l'inconscience dont nous sommes capables, sont bien les marques de ce présent universellement incertain et douloureux qu'il nous faut habiter pour le connaître et qui sait, un jour peut-être, pour le changer. Au terme de cette déambulation il me fallait, vous le comprendrez, reprendre un peu mes esprits, en revenir à moi et m'accorder une pause dans un environnement familier et somme toute réconfortant, j'en avais bien besoin. Aussi, ce n'est pas sans un réel soulagement que, sans beaucoup hésiter, je pris place à l'une des nombreuses terrrasses de café de la Place du Marché qu'éclairait un soleil de fin d'après-midi. Ayant commandé un vin blanc, roulé une cigarette et pris mes aises, entouré de la présence rassurante de dizaines d'autres formes humaines, attablées, comme moi et dans une égale disponibilité, je me pris à rêvasser en laissant s'entrecroiser des bribes de pensées; de petits nuages de sensations diverses remuaient mes sens engourdis et sans que je le décide vraiment, un petit sourire m'est venu que j'ai accueilli. Pour tout dire, j'étais bien. Et puis voici que, surgissant tel un bon diable de sa boîte, un vieil ami se jeta littéralement sur votre serviteur; nous ne nous étions vus de longtemps et avions plein de choses à nous dire, ce que nous fîmes dans un joyeux désordre, passant allègrement de considérations sur l'actualité en projets relatifs à ce printemps mémorable dont on fêtera bientôt le quarantième anniversaire, vous m'avez compris. Nous en étions à vider nos verres qu'un troisième larron s'invita à notre table. Encore une vieille connaissance, photographe de son état, et talentueux que j'avais rencontré jadis, alors qu'il sortait à peine de l'adolescence, dans ce bistro des bords de l'Ourthe, dont j'étais le sympathique barman et animateur il y a presque trente ans. Il régnait à cette table un bien joli désordre; il y avait des rires, on évoquait les souvenirs en s'encquérant des uns et des autres de ce temps-là, de nouveaux verres se vidaient, les souvenirs fleurissaient et répandaient le doux parfum de la nostalgie. Le monde m'en semblait un peu moins hostile et mon coeur sautait gaiement dans ma poitrine. Vous me concéderez, n'est-ce pas, qu'il est impossible d'être à tout instant à l'écoute des graves soubresauts du monde. Nous avons, j'ai bien le droit de goûter à ces instants qui réchauffent le coeur des vieux amis. Le temps qui nous reste, nous pouvons bien aussi lui donner un peu de couleurs.




Aucun commentaire: