mercredi 11 mars 2009

30 novembre 2008

Vous connaissez le goût que j'ai des petites choses insignifiantes, qui font les jours plus gais et qui mettent au coeur de cette joie enfantine qui, pour ma part, et malgré tout le reste, ne m'a jamais quittée. C'était au début de la semaine qui se termine ce soir. J'en étais à balayer, passer le torchon, enfin, à faire, comme on dit, le ménage. Mon appartement n'est pas bien grand, le tour en est vite fait et, chantonnant, j'en étais à nettoyer ma cuisine lorsque, soudain, mon regard fut attiré par une minuscule petite chose ailée qui allait de là à là, tournait autour de la lampe, passait devant la fenêtre et puis repartait vers le plafond pour s'y poser, la tête à l'envers. Une mouche. En plein mois de novembre et alors que, dehors, la neige tourbillonnait et couvrait de blanc les toits et les trottoirs de ma rue. Tout à fait légitimement, je me suis demandé, tout en suivant ses déplacements, mais qu'est-ce qu'elle fout là, cette petite bestiole ? Question à laquelle je suis bien en peine de répondre, bien évidemment, n'étant pas spécialiste en matière d'insectes d'aucunes sortes. Pour le moins, je m'étonne, à l'entrée de la saison froide, que ce petit animal ait pu survivre alors que l'été n'est plus qu'un lointain souvenir. Mais enfin, passons; à l'heure de rédiger ce billet je n'ai plus eu l'occasion d'entendre le léger bourdonnement, et il il y a gros à parier que mon amie la mouche repose quelque-part, après avoir rendu à la création son âme minuscule. Si je vous raconte cela, bien conscient de la légèreté de mes propos, c'est simplement pour bien vous faire entendre que, selon moi, la vie n'a pas à être vue seulement comme activités plus ou moins bien rétribuées, que le travail moderne n'est pas une valeur morale et que, de toute façon, de quelque manière qu'on l'appréhende, au bout du compte, il participe aveuglément à la perpétuation d'un système dont vous savez tout le mal que j'en pense. Je ne suis d'ailleurs pas le seul, fort heureusement et d'ailleurs, en ce moment, passe sur nos écrans «La très très grande entreprise» de Pierre Jolivet qui traite allégrement de ce genre de questions. A savoir que, si les usines tournent, si elles continuent de fabriquer les milliards de tonnes de choses pour la plupart parfaitement inutiles – nom d'un petit chroniqueur, regardez autour de vous ! - elles sont, aussi pour une large part, responsables du fameux déréglement qui affecte de plus en plus gravement la mince pellicule qui nous tient lieu d'atmosphère. A ce propos, j'ai découvert, l'autre jour, cette interviewe de la secrétaire d'état à l'écologie de la République; Française, bien entendu, concernant le colloque organisé à Paris cette semaine, au cours duquel d'éminents spécialistes avaient à débattre de la grave question de la perte de qualité du sperme de nos voisins. Où l'on découvre que les Parisiens, éternels distraits, ont perdus, en quelques années, 40% de leurs spermatozoïdes. Pour ce qui est des vôtres, camarades auditeurs, je ne sais pas. Quant aux miens, il y a belle lurette que je ne les comptes plus. On peut raisonnablement penser, en tout cas, que les substances qui affectent ainsi nos services trois pièces sont largement et partout présentes et qu'il n'y a pas de raison que nous y échappions. Ce genre d'information n'est pas pour m'horrifier outre-mesure, je peux bien vous le dire. Si l'épidémie allait en s'aggravant, cela ne pourrait avoir pour conséquence qu'une lente, irréversible et bienvenue chute de la natalité dans nos contrées industrielles. Ombre au tableau, tout de même, il est avéré, maintenant, à la suite de recherches très pointues, que de nombreuses et innocentes espèces animales, tous genres confondus, sont elles aussi victimes de ces déréglements endocriniens. Mais à part ça, tout va très bien; les chefs d'état et de gouvernement en sont encore à faire tout et n'importe quoi pour relancer le mirage de l'économie. Et puis, pour finir, heureuse surprise, mon amie la mouche se porte comme un charme; elle tournait, tout à l'heure, autour du verre de vin de mon souper...


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