mercredi 11 mars 2009

16 novembre 2008

L'avenir des films catastrophe est bien sombre désormais, c'est moi qui vous le dit. Tout ce que les scénaristes les plus inventifs pourrait encore pondre comme histoire de cataclysmes, fin du monde et autres calamités se verrait immanquablement dépassé par la réalité qui vient et à laquelle, je le crains fort, nous ne pourrons pas échapper. Pour commencer, la prétendue crise économique - en vérité, la faillite de la pensée économique qui se pense elle-même – va aller en s'aggravant malgré les dérisoires emplâtres que les Etats s'échinent à lui consentir, incapables qu'ils sont d'oser reconnaître cette historique défaite. Ensuite, l'extrême confusion de tout, le marasme universel qui va en découler de plus en plus, va avoir pour conséquence que les enjeux les plus pressants, les échéances les plus graves vont s'en trouver encore plus gravement ignorées et, conséquemment, repoussées. Il y avait, l'autre soir, ce téléfilm, qui relatait l'imbécile aveuglement des pouvoirs publics français devant l'imminence de graves disfonctionnements d'une centrale nucléaire modèle dont les gestionnaires perdaient le contrôle au fil d'une suite d'incidents imprévisibles, qui menacaient de se transformer en un désastre de première grandeur pour les habitants de la région et pire encore. L'on voyait les habitants, terrorisés par l'annonce de l'alerte, prendre la fuite par tous les moyens malgré les injonctions des autorités locales de se calfeutrer en lieux sûr, l'on insistait sur les moyens dérisoires dont disposaient les forces de gendarmerie et de protection civile chargées de garantir la sûreté publique mais, surtout, apparaissait l'inconscience, la morgue, le mépris affichés par le pouvoir central devant l'ampleur que les évènements risquaient de prendre. Précision qui a son importance dans cette histoire, le gouvernement s'apprêtait et se réjouissait de vendre à une grande puissance émergeante l'équivalent de la centrale en perdition. Il s'agissait donc, d'une part, d'éviter la panique des populations et de ne pas ébruiter la chose et, surtout, de tenir sous le secret les problèmes rencontrés par la centrale jumelle de celle qui devait rapporter des sommes rondelettes à l'Etat et au constructeur du futur site. Une mienne amie me faisait remarquer que cette fiction était certainement bien en deça de la vulgaire réalité et que, très certainement, les choses risquaient bien d'être encore plus dramatiques si de telles occurrences se présentaient ici ou ailleurs. On a vu, il y a de cela un peu plus de vingt ans, comment on a réussi à rendre parfaitement insignifiante l'explosion du réacteur de Tchernobyl, comment les prétendus spécialistes de ces questions minimisaient l'impact du nuage radioactif au dessus des régions qu'ils survolait; on a vu, surtout, le mensonge érigé en système de gouvernement. On a tenu pour négligeable les milliers de morts par cancers de toutes sortes, les bébés atteints de malformations dans les années qui ont suivis, on a négligé les rapports qui faisaient état de ce que les ravages continuaient aux alentours immédiat du site, on a fermé les yeux sur les épidémies de cancers et autres disfonctionnements de la thyroïde jusque dans les régions les plus éloignées des lieux de l'accident. Pour en terminer sur une note un peu plus ironique, l'autre jour, dans la gazette locale, à la page «Pouvoir d'achat», un brave étudiant avouait qu'il faisait des économies sur la manière de s'alimenter pour pouvoir remplir le réservoir de sa petite automobile vroum-vroum. Voilà où nous en sommes. Mais qu'importe, après tout. Ce soir, la lune souveraine éclairait les rues et les places, les champs et les forêts, les plages et les déserts. Et un jour prochain, peut-être, il n'y aura plus de regards pour se poser sur la beauté des choses. Il y a aura ce silence et cette paix que nous assure la mort.





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