lundi 9 mars 2009

3 mai 2008

N'allez surtout pas confondre Madame de Fontenay avec Madame de Fontenay. L'une n'est pas l'autre et inversement. La première, Geneviève, a pour ambition de promouvoir la beauté française et plus précisément la beauté des jeunes françaises. L'autre, Elisabeth, est philosophe et elle s'intéresse aux animaux, à leur statut, et aux relations que nous entretenons avec eux. Bien que, évidemment, la beauté des jeunes françaises ne puissent me laisser tout à fait indifférent, je ne possède dans ma modeste bibliothèque aucun ouvrage consacré à cette question alors, qu'à l'inverse, il va me falloir me remettre à la lecture de l'avant dernier ouvrage de la seconde “Le silence des bêtes, la philosophie à l'épreuve de l'animalité”. Ce long préambule pour en venir à ceci: l'autre jour, Elisabeth de Fontenay était l'invitée de l'émission littéraire du dimanche matin, sur Arte. Et elle a eu cette question: qu'est-ce qu'un homme ? Réponse: L'enfant de son père et de sa mère. Et puis c'est tout. N'allez pas vous arrêter à ce qui peut sembler être une plate tautologie. Il y a, dans cette affirmation, bien plus que ce qu'il n'y paraît. Ceci pour commencer que d'être les enfants de nos parents ne nous a pas suffit; il a fallu que nous nous érigions en maître du monde, que nous nous proclamions créatures élues et propriétaires de la Nature, comme nous le sommes de nos illusoires possessions. La fatale propension qui est la nôtre de distinguer, trier, cataloguer et juger est à la source de tous les malheurs qui se sont accumulés au cours de notre brève Histoire. Par là, nous avons donné sens et justifications à toutes les dérives et aux pires aberrations quand ce n'est pas aux crimes et aux massacres les plus épouvantables. La naissance et l'expansion aveugle de la civilisation la plus moderne, sous le couvert de la gestion rationnelle de tout, a vu la totalité du vivant, hommes compris, soumise aux mêmes rigoureux impératifs de la seule rentabilité et du profit au bénéfice d'une caste qui domine aujourd'hui mondialement et qui, après avoir forcé nos pères à détruire le monde et à le rendre de plus en plus invivable, voudrait maintenant que nous troussions nos manches et travailler d'arrache-pied à le reconstruire et lui donner une couleur, la verte, un peu plus présentable. Quand les ressources disponibles s'épuisent inexorablement, quand l'air est de plus en plus irrespirable, la nourriture - et le vin, malheur ! - de plus en plus toxiques, quand des populations entières sont menacées de famine, on continue de nous dire que la seule alternative est dans la poursuite d'un même indiscutable objectif, produire et produire encore, tout et n'importe quoi, de la bouffe empoisonnée et de la bouffe bio, des bagnoles roulant au diesel ou au jus de carotte, pourvu que la machine continue de tourner et combler des actionnaires grassouillets satisfaits de leurs dividendes. Surtout que personne ne traîne en bordure du chemin, tout le monde est tenu de s'y mettre et jusqu'à quatre-vingts ans et plus si nécessaire. Pas question de laisser traîner des foules de feignants dont le désoeuvrement pourrait leur donner le temps d'avoir des idées quant à la nature réelle du monde. Allez, au travail ! Il s'agit de le sauver le monde, tout de même. Ce monde là. Le seul possible, le seul imaginable. Le seul permis. Où des petits rigolos sont prêts à payer les gens qui se disent bonjour dans la rue, où, aux fenêtres des autobus, des affiches invitent les usagers à saluer le conducteur et céder leur place aux femmes enceintes et aux vieilles dames. Millions de petites bulles qui voguent, indifférentes les unes aux autres, ainsi vivent aujourd'hui les enfants de leurs parents. Où es-tu, esprit de ce beau mois de mai, et quand reviendras-tu ?...







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