lundi 9 mars 2009

5 avril 2008

Hé ben, y a pas à dire, c'est la joie... une météo pourrie, un nouveau gouvernement, enfin, nouveau, c'est trop dire tant il paraît déjà vieux dans ses mirobolantes orientations et même moribond avant l'heure; une situation internationale de plus en plus marquée par de lourds présages; enfin, un climat général où se concentre un ennui colossal et un vague sentiment de torpeur et de lassitude palpable partout, voilà à quoi ressemble ce printemps. Loin de moi de vouloir vous bourrer le mou avec tout ça, mais, par certains côtés, ce que nous vivons là ressemble bien étrangement à ce mois d'avril d'il y a quarante ans quand, dans les pages du “Monde”, André Fontaine signait un éditorial titré “La France s'ennuie”. On en a bien sûr déjà parlé des centaines de fois depuis et sur tous les tons, mais il est un fait que l'atmosphère dans laquelle, contraints et forcés, nous baignons aujourd'hui offre quelques similitudes avec la période qui a vu mûrir et se manifester, partout dans le monde, un vaste mouvement de remise en cause de l'ordre qui dominait alors et qui domine aujourd'hui encore avec plus de mépris que jamais. Mais bien évidemment, ne nous leurrons pas, les temps présents sont bien loin de ceux qui ont enthousiasmés notre jeunesse. Ce que nous attendions, ce qui nous semblait possible et qui se dessinait dans un désordre joyeux et inventif est aujourd'hui bien loin d'être encore présent dans les consciences de nos contemporains. Les quelques mouvements de protestation qui se font jour ici ou là, la grogne et les jérémiades à l'encontre des politiques de rigueur menées partout, sont l'expression de ce que, pour beaucoup, il ne s'agit que de remédier à quelques injustices par trop visibles ou choquantes dans le partage du grand gâteau universel à la confection duquel, partout et avec le même dévouement, des centaines de millions de gens participent. Pour le reste, celles et ceux qui renaclent à se soumettre ou qui refusent de jouer le jeu imbécile qui a su s'imposer partout n'en sont pas moins bien présents. On ne compte plus les sites internet, les blogs qui fleurissent dans le monde virtuel et où se font entendre d'autres discours qui, on n'en peut douter, se propagent et sont discutés, commentés, enrichis de la présence de milliers d'anonymes qui, pareillement, s'insurgent et sont dans l'espoir d'un formidable “autre-chose” qui est dans l'attente de son effectivité. Il faudra bien qu'un jour ce qui n'est pour l'heure qu'un mouvement à peine perceptible, une attente un peu folle, se manifeste par d'autres voies, envahisse l'espace public et sorte de cette clandestinité où couvent de beaux incendies. Cela sera ou non. Ce qui advient est ce qui devait advenir et l'Histoire pourrait bien encore nous réserver de belles et surprenantes aurores. A moins que la nuit ne l'emporte sur la beauté des jours naissants, sur la tendresse émerveillée que celle-ci porte aux insectes de son jardin, sur la simple et évidente beauté de ce qui nous est donné en cette belle saison du renouveau qui, partout et de mille façons, exprime cela seul qui compte vraiment: la vie ! Oui, la Vie, avec un grand V, un souverain mépris pour tout ce qui veut la nier, l'enfermer et lui ôter son âme. A ce monde, cette civilisation, les misérables ambitions qu'elle affiche efffrontément, il s'agit d'opposer une résistance résolue. Cette résistance aura mille visages et des formes inédites; elle prendra des chemins encore inexplorés, elle sera occulte ou visible mais il faudra, sous peine d'un terrible et effroyable cataclysme, qu'elle en vienne à prendre les armes et déclarer une guerre à outrance et sans merci à la bêtise, à la folie et à l'inconscience qui partout domine. Comme le disait Karl Marx, il ne s'agit plus d'interpréter le monde, mais de le transformer.



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