lundi 9 mars 2009

10 mai 2008

Vous connaissez bien sûr cette gazette gratuite que l'on trouve dans les halls de gare mais aussi en pagaille dans les trains de banlieue, sur les sièges, les tablettes et sur le sol au milieu des canettes vides, de reliques de repas et autres détritus que de jeunes et moins jeunes utilisateurs laissent derrière eux. Avant d'en venir au fait, laissez moi vous dire que le pénible spectacle qui s'offre à mes yeux de fervent défenseur des transports publics ne laisse pas de me navrer et m'offusquer. C'est comme cette manie ridicule qu'ont certains de gribouiller des insanités et des slogans abscons sur toutes les surfaces possibles et imaginables, à la bombe de peinture, au feutre, au rouge à lèvre, au canif et au scalpel. Si encore ils étaient poètes, ou insurgés. Mais non, cette rage de ne rien dire, ces signes véhéments que l'on voit partout, ne sont, hélas, que la traduction d'un manque radical, que la manifestation d'un vide mental catastrophique et sans issue. Voilà, il fallait que je le dise, je l'avais sur le coeur depuis longtemps, c'est fait. Revenons-en à ce journal que je feuillette à l'occasion de mes fréquents déplacements en train, que je considère comme étant la plus agréable façon de franchir des distances que mes jambes ne supporteraient que difficilement et venons-en à l'objet de notre discussion de ce matin. C'était donc en première page de la feuille en question, une petite colonne de rien du tout, entourée des derniers rebondissements de la campagne pour l'investiture aux Etats-Unis, de la dernière en date des déclarations matamoresques de l'une ou l'autre de nos illustres figures politiques, des résultats des matches de coupe d'Europe de foot, enfin, la routine médiatico-casse-bonbon, si vous voulez bien. Il y était question de Moïse. Vous voyez bien Moïse ? Le prophète et l'inspirateur de la première des trois grandes religions monothéistes, le petit père du peuple élu et dispersé au fil des siècles, persécuté et massacré depuis les origines, tantôt par le Roi d'Egypte, les chrétiens, les nazis et les communistes du temps de l'autre petit père, celui du peuple russe, Joseph Staline. Et donc, ce que révèlait le petit article, c'était les conclusions des recherches d'un certain Benny Shanon, du Département de psychologie cognitive de l'Université hébraïque de Jérusalem, selon lequel Moïse, à sa descente du Mont Sinaï, les dix Commandements sous le bras et s'apprêtant à rendre compte à son peuple du prodige de la Révélation, le brave Moïse, donc, aurait été sous l'influence et les effets d'une puissante substance hallucinogène. Le professeur fait aussi remarquer que l'usage de ces produits, aujourd'hui illicites, était courant dans les sphères et les rites religieux de l'époque et l'on est, il me semble, en droit de se poser quelques questions quant à la nature réelle de Révélations qui sont les fondements du Judaïsme mais aussi, par filiation, du christianisme et de l'Islam qui reconnaît, lui aussi, l'existence du Prophète des juifs et, conséquemment, admet comme allant de soi le miracle dont il aurait été le témoin. Loin de moi de vouloir blasphémer ou choquer les croyants de l'une ou l'autre religion en usage par chez nous et partout ailleurs en ce vaste monde, bien évidemment. Mais enfin, si les travaux du brave professeur venaientt à être reconnus comme faisant autorité, si ses conclusions s'avéraient irréfutables, je connais des Rabins, des Evêques et des Imams qui seraient drôlement embêtés, tout de même. C'est comme si je sortais du bistro du coin près de chez moi, complètement bourré et qu'il m'arrive des choses bizarres dans le genre rencontre avec un extra terrestre gluant ou un ange du beau sexe qui m'amènerait au paradis en mobylette. Je ne suis pas sûr que vous me croiriez sur parole si je vous racontais ça, gens de peu de foi.


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