lundi 9 mars 2009

24 mai 2008

J'avais très envie de vous parler de Cannes, de dire quelques mots à propos de Boulli Lanners et de son film, de vous parler un peu de cinéma, de celui que j'aime et qui me touche et puis, voilà, d'étranges circonstances sont venues qui ont complètement bouleversé mes projets. Il faut donc que je vous parle de cela. Samedi dernier, seul et bien peinard chez moi, lisant puis regardant je ne sais plus très bien quoi à la télé, la soirée s'écoule, je passe un peu de temps à l'ordinateur pour mettre à jour mon courrier et faire ma revue de presse quotidienne; et puis, sur le coup d'une heure du matin, je me décide à regagner ma chambre, je lis encore un peu, quelques pensées vagabondes s'en vont vers leurs destinataires, extinction des feux et le sommeil s'en vient. Huit heure du matin, je sort de ma léthargie, je descend à la cuisine, me prépare un café-chicorée soluble, allume une cigarette, jette un oeil à la fenêtre. Tout va bien. Les gens s'en viennent acheter les petits pains et les croissants du dimanche, il y a un beau soleil, les chats viennent me dire bonjour. Et puis, me voici pensant que, tiens, tout compte fait, je me remettrais bien un peu sous la couette, une heure ou deux, comme ça, seulement parce qu'il me semble que j'en ai besoin et juste envie, que c'est dimanche et que je n'ai aucun projet ni obgligation d'aucune sorte. Et donc, je rejoins ma chambre, m'installe dans mon lit à une place, je remonte la couette sous le menton, je me retourne sur le côté gauche, pour commencer et puis j'adopte ma position favorite: couché sur le ventre, les mains croisées sous la poitrine, et, en quelques minutes à peine, je me rendors. N'étant pas passé de vie à trépas, tout à fait comme à l'habitude, je me réveille, je regarde l'heure à l'horloge:20H15. J'ai redormis pendant presque dix heures. Stupeur, étonnement et même, je peux bien vous l'avouer, une crainte diffuse, un je ne sais quoi d'angoissant me gagne pendant que, pour être bien sûr de ne pas être la victime d'une hallucination ou de je ne sais quelle sombre machination, je vérifie l'heure à l'horloge murale de la bijouterie d'en face, au portable posé sur mon bureau et en bas de l'écran de mon ordinateur. Pas de doute il est bien l'heure qu'il est si j'ose ainsi m'exprimer. Je me dois de préciser que, dans les jours qui ont précédés, je ne me suis adonné à des excès d'aucune sorte; ni alcools ni nuits blanches dans des lieux de perdition, enfin, rien que de très banal dans ma conduite durant les heures précédentes. Il y a là un mystère. Qui a fait que je me suis vu m'égarant dans les plus folles et irrationnelles supputations. Ai-je vraiment dormi tout ce temps ? N'ai-je pas plutôt rêvé que je dormais et ne me suis-je pas égaré dans des espaces-temps à des milliards d'années d'ici ? Et si, victime d'une crise de somnabulisme, j'avais commis d'horribles méfaits: assassiné un ministre fédéral ou l'autre, enlevé et séquestré une innocente jeune fille, mangé dans un grand restaurant sans payer la note, roulé à deux cent à l'heure sur de toutes petites routes dans une grosse voiture volée et écrasé un groupe d'enfants en promenade dans nos vertes campagnes ? Que voilà un bien beau sujet de film, mon bon Bouli Lanners, non ? Je dis bon parce que, voyez vous et pour en revenir à des choses un tantinet plus sérieuses, j'ai eu le plaisir de croiser sa route, il y a juste vingt ans de cela, quand il était encore parfaitement inconnu et tout aussi parfaitement anonyme et que, déjà, je lui trouvais cette humanité tendre, joyeuse et attentive dont il fait preuve dans ses films et dans les rôles qu'il joue pour d'autres cinéastes. Et je vais vous dire, je serais très, mais alors très heureux que cette estimable et attachante personnalité décroche un prix au présent festival. Une belle palme d'or, par exemple. C'est tout le bien que je lui souhaite. Jean-Louis, vous pouvez le lui dire de ma part. Et lui faire la bise, en passant...




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