lundi 9 mars 2009

21 juin 2008

Mercredi dernier, sur le coup de 13H., je n'avais toujours pas écrit le moindre petit morceau de mot, pas la plus petite syllabe de cette chronique. Alors qu'en règle générale, dès le dimanche ou, au plus tard, dans la matinée de lundi, une petite idée me vient qui me permets d'en commencer la rédaction. Aïe, me dis-je, en mon fort antérieur, va falloir s'y mettre, sinon on va encore cavaler toute la nuit de jeudi pour être fin prêt le lendemain à affronter le micro dans des conditions plus ou moins décentes. Le problème, c'est que, en général et même en particulier, 13H; pour moi, c'est l'heure de la sieste à laquelle je m'adonne avec délectation depuis que, l'âge venant, mes obligations envers l'économie et la production se sont considérablement et fort heureusement réduites. J'étais donc placé devant un insoluble dilemne et il me fallait trancher. Ce que je fis, sans aucune hésitation, en me jetant sur ce qui me sert de divan en ayant pris soin, préalablement, d'ôter des orifices qui se trouvent à gauche et à droite de ma belle et gentille petite tête, les appareils qui, depuis plus d'un an maintenant, me permetttent de mieux suivre les conversations, que j'y sois mêlé ou non et d'apprécier le vacarme de la circulation, dans mon quartier et ailleurs. Au reste, loin du bruit des moteurs de toutes sortes, lors de mes promenades dans les campagnes, ces astucieux produits de la technique moderne, me donnent l'occasion d'apprécier bien mieux qu'auparavant, le chants des oiseaux et le souffle léger du vent dans les feuilles. En passant, cette charmante anecdote, qu'il me plaît de vous conter. J'étais dans un autobus qui va de mon quartier à la ville où je me rendais pour de fort bonnes raisons. Le véhicule public était plein d'une charmante kirielle de tout jeunes enfants et juste en face de moi, un petit garçon en ciré jaune, qui me regardait avec la touchante insistance de son jeune âge. A un moment, il me demande “C'est quoi que tu as dans les oreilles, Monsieur ?” ce à quoi je réponds, “C'est pour mieux t'entendre, mon petit”. Silence de quelques secondes et puis le bambin, intrigué: “Et ça te fais pas mal ?”... Vous pensez bien que j'ai eu un large sourire et que je me suis empressé de rassurer le charmant garconnet que j'ai laissé à ses graves questions sur la vie des grandes personnes. Lesquelles grandes personnes, par les temps qui courent, sont de plus en plus nombreuses à organiser des rassemblements de toutes sortes pour protester contre ceci ou cela. Et, justement, pendant que, allongé dans la pénombre de ce qui me tient lieu de salon et de bureau, j'attendais que Morphée veuille bien faire un peu attention à moi, j'ai eu une pensée pour les camionneurs et les producteurs de lait qui, à la même heure, parcouraient les grandes avenues de la capitale, les uns au volant de leur bahu, les autres, montés sur leurs tracteurs. Je me suis endormi avec en tête des images de chaos et de pagaille monstre, de gigantesques bouchons, de face à face entre camions et auto-pompes des forces de police, de hordes paysannes armées de fourches et de faux affrontant les défenseurs de la paix publique au milieu des nuages de gaz lacrymogène. Au réveil, une petite heure plus tard, faisant une rapide revue de presse via internet, j'appris que, contrairement aux sombres prévisions, les choses s'étaient plutôt bien passées et qu'on ne déplorait aucun incident notoire à l'issue de ce curieux rassemblement motorisé. Oserais-je dire ici que les temps ont bien changés et que je le déplore ? Oui, j'ose. Et j'ajoute qu'il n'est pas très audacieux ni bien original de manifester en faisant vroum vroum bien à l'abri de la juste réprobation des honnêtes gens qui font vroum vroum au volant de leurs automobiles. On ne le dira jamais assez: on vit une époque formidable, hein, Léon ?




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