mercredi 11 mars 2009

14 décembre 2008

C'était en 1953; j'avais huit ans et je fréquentais l'école communale de ce quartier populaire, très populaire qui m'a vu passer une enfance heureuse quoique dénuée de toute forme d'opulence matérielle; et je pèse mes mots. Notre insituteur de troisième année primaire s'appelait Monsieur Swennen et je l'aimais bien. Il était juste, un peu artiste, attentif, merveilleusement gentil et patient envers les innocents garnements que nous étions. Et puis, surtout, comme vous, il aimait le cinéma. Au point que, le samedi après-midi, après la matinée consacrée à l'étude, il organisait, pour toutes les classes, des séances de projection de films dans le corridor du rez-de-chaussée, parallèle aux classes, dont les fenêtres étaient occultées vaille que vaille. Je ne doute pas que mon amour pour le septième art me vienne de ces merveilleux moments. Il y avait le gros projecteur bourdonnant, les hauts-parleur crachotant des sonorités métalliques et, pour commencer, le joyeux brouhaha qui précédait la projection. C'est un de ces samedi là que nous avons vu ce film, qui ressort ces jours-ci dans une nouvelle version et que j'ai hâte de découvrir: «Le jour où la terre s'arrêta». Nous avions déjà entendu parler des soucoupes volantes qui se manifestaient beaucoup en ce temps là, dont les journaux et revues parlaient abondamment et qui, je dois bien le dire, m'intriguaient et me faisaient beaucoup rêver. Mais c'était bien la première fois que nous en découvrions un exemplaire formidable, sur le grand écran de fortune. Après l'atterrissage de l'énorme engin métallique, une porte s'ouvrait, un être à notre ressemblance venu d'une lointaine planète apparaissait, saluait le comité d'accueil composé, comme d'habitude, essentiellement de militaires en arme et puis, à la suite d'un geste mal interprété par l'un des soldats, le malheureux était blessé et s'effondrait. A la suite de quoi, un énorme robot entrait en action et, d'une fente dans ce qui lui tenait lieu de visage, jaillissaient des rayons mortels, balayant les engins de toutes sortes et leurs occupants. La machine à figure humaine prenait ensuite dans ses bras mécaniques l'infortuné ambassadeur venu d'ailleurs et le ramenait à l'intérieur de l'imposant vaisseau spatial dont la porte glissait lentement sur les deux visiteurs. Pour ce qui est de ce qui arrive après, vraiment, je n'en garde pas de souvenirs assez précis que pour vous raconter la suite de l'histoire, ce qui d'ailleurs n'est pas dans mes intentions. Je me rappelle seulement de cette séquence où, partout sur notre globe, les montres et les horloges publiques s'arrêtaient toutes en même temps et que tout mouvement se figeait universellement de la même façon. Ce que je n'ai pas oubilé non plus c'est le message que l'extra-terrestre arrivait tout de même à nous faire connaître, nous, pauvres et parfois si stupides créatures que nous sommes. Message qu'il faut restituer à cette époque déjà lointaine qui voyait la guerre froide opposer les deux seules gandes puissances d'alors à posséder des arsenaux nucléaires déjà bien fournis: les USA et l'ancienne URSS. Le noble visiteur de l'espace nous mettais donc bien gentiment en garde de ne pas et même de ne jamais en venir à l'utilisation de ces armes. Jusqu'ici, c'est un fait, mis à part la grave crise de Cuba, en 1962, cette sinistre éventualité n'a jamais réellement été brandie par quelque gouvernement que ce soit. Mais, tout de même, on ne sait jamais, n'est-ce pas. L'arme atomique est entre les mains de militaires de nombreux pays, du nord au sud et d'est en ouest, la masse totale de ces bombes et missiles de toutes sortes représentent une force de destruction colossale qui, mise en mouvement, pourrait faire sauter la planète entière en quelques heures. Il n'est nul besoin que des visiteurs des étoiles se chargent de nous le faire savoir. Comme pour tout le reste, c'est à nous, quand nous le voulons vraiment, de peser sur les évènements, quels qu'ils soient. Cela s'est vu, cela se voit et cela se verra encore...


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