lundi 9 mars 2009

26 avril 2008

J'en connais qui ricanent, qui se gaussent et se moquent. Je vais vous dire: je m'en balance. Oui, dimanche dernier j'étais dans un grand bistro, pas loin de chez moi. Avec un écran de télé géant dernier cri, un bar, de la bière coulant à flot et des dizaines de types et de nanas, tous âges et conditions mélangés, serrés comme des sardines, trépignants comme des enfants le soir d'avant la St. Nicolas, à suivre cette partie de football, avec les mauves d'un côté et les rouches de l'autre. Et tous les cafés de la ville ou presque étaient ainsi envahis par ces foules enthousiastes et joyeuses. Bien évidemment, pour moi, ni écharpe, ni chapeau, ni cheveux peints en rouge et blanc. Ce n'est pas vraiment mon genre. Juste une touche de couleur là, au fond du coeur, en souvenir des grandes rencontres de légende de mon adolescence qui me faisait attendre l'exploit, debout au comptoir, à côté de types parfaitement inconnus avec qui je partageais, rigolard, les péripéties de la partie. Et quand la balle est entrée au fond du but adverse pour la première fois, oui, j'ai sauté, j'ai crié, on s'est mutuellement et gaiement tapé sur l'épaule, on a repris des bières et tout autour et dans des centaines d'endroits en même temps, la même clameur est montée. Il ya eu le deuxième but, presqu'à la fin de la partie et alors, là, je ne vous dit pas, le délire. Au coup de sifflet final, les gens sont sortis de partout par milliers en hurlant, chantant, s'embrassant, se sont répandus dans les rues et sur les boulevards du centre ville, ont gueulés et bus tout le restant de la nuit. Moi, je suis rentré sagement, un peu gris mais heureux, j'ai raconté la soirée à Antoine qui s'est moqué gentiment de son vieux père, j'ai traîné un peu à l'ordinateur, allant aux nouvelles via les dépêches et les premiers commentaire de la presse en ligne et puis je me suis couché avec de belles images en tête. Le vert de la pelouse, les cavalcades folles des jeunes joueurs, les ovations interminables qui montaient des tribunes, cette marée rouge et blanche partout, la joyeuse fête collective qui battait son plein là bas, en ville. Oui, je sais, tout ça n'est pas très sérieux. Oui, pendant que les types tapaient dans la balle, poussé par un public déchaîné, des enfants mouraient de faim, des hommes se faisaient la guerre, en Palestine, en Afghanistan, en Irak. Des cancéreux agonisaient dans les hôpitaux, des femmes étaient violées en Afrique et ailleurs, des milliards de dollars faisaient virtuellement le tour du monde, les requins de la finance se frottaient les mains. Et alors ? Je serais resté chez moi, à lire, écrire ou rêvasser, les choses n'en n'auraient pas été différentes pour autant. Et puis, bon, c'est pas ma faute si les supporteurs de foot sont généralement pas brillant-brillant rapport aux choses de l'esprit. Et vous remarquerez que de nombreux ministres – même Joëlle - et le premier d'entre-eux, étaient là, démocratiquement mêlés au bon peuple. Ces gens là savent s'amuser simplement, comme vous et moi. Ils donnent le bon exemple. Ils vont à Sclessin, à Bruges ou à Bruxelles quand ça se trouve. Ils vont à Roland Garros où la balle est plus petite et les places nettement plus chères et l'interview d'une joueuse de tennis victorieuse ne vole pas beaucoup plus haut que celle d'un avant-centre ou d'un gardien de but. Alors, vos sarcasmes, vous pouvez vous les garder. Je suis né et j'ai grandi dans les bas quartiers. Le foot est un jeu éminemment populaire et le peuple a bien le droit de se défouler, de faire la fête et de picoler jusqu'au premières heures de l'aube. Le lundi matin ils retournent au turbin et la science sociale nous apprend que ça les emmerde, le turbin, que ça leur fout des insomnies. Alors, tant qu'à rester éveillé...


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