mercredi 11 mars 2009

28 septembre 2008

Pour une bonne nouvelle, c'est une bonne nouvelle ! Je dirais même plus, c'est une nouvelle qui éclipse toutes les autres, en ce vendredi d'après enregistrement de l'émission et de mon billet hebdomadaire. C'est par le truchement d'une gazette bruxelloise bien connue pour son sérieux que cette information m'est tombée sous les yeux et je me réjouis de ne pas l'avoir manquée. Figurez vous qu'un certain Alexis Lavillat, réalisateur de son état, a eu la très ecellentissime idée de faire bouger le cher Gaston Lagaffe, ce qui est une entreprise qui demande une fameuse dose de patience et de talent. En un mot comme en cent, on va pouvoir suivre, dès la rentrée prochaine et sur France 3, la diffusion des premiers gags de ce sympathique garçon de bureau, né de la féconde et même, en l'occurrence, géniale imagination de ce grand, talentueux et regretté André Frankin. Ah ! Gaston ! Que je vous raconte une histoire absolument authentique dont je n'ai la preuve que dans mes lointains souvenirs, les petits camarades de classe de ce temps là s'étant à peu près tous dispersés dans la nature, depuis le temps. C'était à la fin des années cinquante, 58, 59, je ne sais plus très bien. Je fréquentais alors la prestigieuse école d'hôtellerie de Liège, caressant avec Serge Baumans, condisciple de mes glorieuses études primaires, que je croise encore de loin en loin, le rêve de longs et aventureux voyages à bord de bateaux sillonnant les mers, en qualité de cuistot. Dois-je préciser que je n'ai mis les pieds sur un bateau qu'une seule fois, vers mes huit ans, avec maman, enceinte de ma petite soeur Simone, rejetant à la mer le potage à la tomate ingurgité un peu avant cette grande aventure à bord de ce chalutier qui tanguait et roulait au milieu des flots impétueux. Comme toute école hôtellière digne de ce nom, nous avions droit à de luxueux vestiaires, sous le niveau de la mer et je nous revoit, toute la classe, collant sur les armoires métalliques d'un vert douteux, les effigies patiemment dessinées et coloriées du héros qui venait tout juste de faire son entrée dans les pages du journal de Spirou. Non seulement, nous affichions le portrait de la nouvelle idole mais, en plus, nous scandions son nom sur l'air des lampions, comme on dit. Une manifestation spontanée, si vous voulez «Gaston ! Gaston ! Gaston !»... C'est dire combien le personnage en espadrilles et pull informe avait frappé nos jeunes et déjà pré-soixante-huitardes imaginations. Il faut se souvenir que l'époque était rien moins que très conformiste, les professeurs austères et les élèves respectueux de l'autorité. Nos parents travaillaient à la future société d'abondance de tout et de n'importe quoi, De Gaulle venait de revenir aux affaires et l'exposition universelle de fermer ses portes et puis voilà que surgissait cette silhouette maigrichonne, qui traînait les pieds, accumulait les gaffes en tous genres, s'endormait à son bureau plutôt que de se crever à des tâches ingrates et, à sa manière, tendre et pacifique, défiait insollemment les conventions en vigueur partout. Et si les Marcuse, Marx, Lefèbvre et autres Debord ont eu une influence certaine sur des évènements dont on n'a pas fini de parler, nul doute que Gaston Lagaffe porte aussi, à sa façon, une part de joyeuse responsabilité dans la naissance d'un mouvement de remise en cause de ce qui se voulait impérissable. Et si ces années étaient tout empreintes de plat conformisme, les choses n'ont, hélas, guère changés et tout reste encore à faire pour dénoncer les futiles et mornes performances, la morgue, la suffisance et la bêtise des prétendus modèles dont notre belle jeunesse est invitée à suivre l'exemple. Puisse les prochaines images animées de cet impérissable héros donner de vilaines et rigolotes idées aux générations futures autant qu'à ceux qui, à l'instar de votre serviteur, ont définitivement jugé cette époque nauséabonde.


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