lundi 9 mars 2009

31 mai 2008

Cannes, c'est fini; rideau et félicitations aux heureux lauréats, belges et autres; je veux, moi en revenir à ce petit film de rien du tout même pas palmé et qui est passé sur nos écran bien moins longtemps que le film de Dany Boon et qui n'aura pas déplaçé autant de public ce que vous me permettrez de trouver regrettable. Je n'ai rien contre les ch'tis, bien au contraire et sûrement, j'irais voir cette histoire dont le succès doit bien avoir d'excellentes raisons à commencer par le fait que l'on rit beaucoup ce qui n'est pas pour me déplaire. Le petit film en question, c'est “La visite de la fanfare” de l'Israélien Eran Kolirin, avec une tout petite brochette d'acteurs qui, certainement, n'auront jamais le privilège insigne de gravir les marches du palais du Festival recouverte de tapis rouge mais qui, tous, nous donnent à déguster l'histoire parfaitement banale de cette fanfare de la police égyptienne, invitée à l'inauguration d'un centre culturel arabe dans un coin perdu de l'Etat Hébreux et qui, de déboires en minuscules contrariétés, se retrouve perdue et larguée dans ce qui n'est qu'à peine un village. Un village avec quelques habitants dont la tenancière de ce qui ressemble vaguement à un restaurant et qui tous, avec une gentillesse désarmante, se partage le soin d'offrir l'hospitalité à ces pauvres garçons en uniformes bleu-clair, eux même d'une touchante et fort bienvenue candeur. A se demander si l'on est bien dans ce petit pays, né il y a tout juste soixante ans et qui, depuis ce temps, si bref, finalement, est déchiré entre ses désirs de paix et de réconciliation avec ses proches voisins de Palestine et la réalité d'un conflit dont l'issue reste bien incertaine, traversé qu'il est par la violence, la crainte de l'autre et des millions de tonnes d'incompréhension et de méfiance. Ici, donc, dans ce petit bled, la guerre est bien loin, il n'y est pas fait allusion une seule fois et les ennemis d'hier se retrouvent à parler, manger, dormir et rire ensemble. Cette histoire est bourrée de tendresse, d'un humour tendre et complice et, pour ma part, je suis sorti de la petite salle verte du Churchill, le coeur tout chaviré et heureux de cette délicieuse et réconfortante rencontre. Un peu comme je garde au coeur d'autres chaleureuses rencontres à l'occasion des deux invitations auxquelles j'avais répondu dans l'après midi et la soirée de samedi, parmi lesquelles celles d'auditrices et d'auditeurs de notre émission jusqu'alors inconnus au bataillon avec lesquels il n' a fallu guère plus de deux minutes pour que s'installe ce trop rare “courant” qui passe comme par enchantement des uns aux autres, qui nous voit parler de tout et de rien dans un joli désordre, rire aux éclats et s'émouvoir, raconter un tas d'histoires, enfin, être ensemble aussi pleinement et résolument que l'on peut être aussi bien, seul avec soi-même, comme je l'ai été le lendemain, dimanche, au cours de la longue promenade que j'ai faite, l'esprit clair, les narines, les yeux et les oreilles aux aguets. Il y avait les senteurs suaves de robiniers en fleur, un merle tout en haut d'un bouleau qui chantait comme un fou, plus loin dans le ciel une buse tournait, partout alentour des feuillages dans toute la gamme des verts et, en moi, cette paix et cette sérénité qui me gagne dans ces moments-là. Vous dirais-je aussi comment mon coeur semble monter dans ma poitrine comme un petit mongolfière de chair et de sang, combien parfois il s'en faut que des larmes de pur bonheur me viennent aux paupières, à quel point la vie me paraît belle et chaude et le monde encore habitable, malgré tout. Et comme il serait plus beau encore, le monde, si toutes les femmes et tous les hommes pouvaient avoir le loisir comme ils devraient en avoir le droit, de se laisser aller de la sorte au fil de la beauté des choses et flâner et rêver...


31 mai 2008

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