mercredi 11 mars 2009

7 décembre 2008

Pas besoin de vous faire un dessin, vous connaissez. Au cinéma et plus encore à la télé, il n'y en a que pour eux. Je veux dire, les flics, les poulets et les poulettes de choc, les unités d'élite et autres sections d'assaut. Faites-le compte vous même, la grosse majorité des séries mettent en scène les exploits, les déboires, les états d'âme et les passionnantes aventures des gardiens de l'ordre sous toutes ses formes. A l'écran, le petit ou le grand, tout cela peut bien sûr être amusant, distrayant, passionnant, drôle à l'occasion, je n'en disconviens pas. Dans la réalité, les choses ne sont évidemment pas aussi idylliques, il y en a qui en on fait l'expérience ces temps derniers pas loin de chez nous et tout près aussi. Je pense à ce groupe de jeunes gens, qui vivaient à la campagne, en toute intelligence et harmonie avec les habitants du lieu, à Tarnac, petit village de France dont ils avaient réouverts l'épicerie, distribuaient des repas aux vieux du coin, menant paisiblement leur vie loin de la ville, une manière de vie différente, en marge de celle que nous vivons. A l'aube du 9 novembre dernier, des dizaines de policiers cagoulés et armés, investissent le petit village, s'engouffrent dans la maison occupée par le petit groupe et embarquent tout le monde avec le ménagement qu'il est facile d'imaginer. Motif de cette arrestation spectaculaire, suivie de près par les caméras, les micros et les calepins de journalistes opportunément invités à rendre compte de l'opération: terrorisme. C'est aussi simple que cela. La ministre de l'Intérieur de la République, Madame Alliot-Marie, parle de mouvance ultra-gauchiste prête à organiser le chaos, explique doctement que les jeunes gens sont vraisemblablement les auteurs des entraves à la circulation des trains à grande vitesse des jours précédents; enfin, le coup de filet qui fait suite à une longue période de surveillance et de filatures par les services idoines va permettre de démontrer le caractère insurrectionnnel des activités de ces gens. Ce qu'il en est de tout cela en vérité, c'est qu'il semble bien que les prétendus indices, les preuves apportées par les enquêteurs, apparaissent de plus en plus minces, que rien ne permet d'affirmer que le groupe projetait d'en venir à des actions violentes. Et rien, non plus, n'indique avec certitude qu'ils seraient les auteurs des actes de sabotage le long des voies ferrées de la sncf. Devant les outrances, les accusations les plus folles relayées complaisamment par le gros de la presse hexagonale, des voix ont commencé de se faire entendre, et pas des moindres. Des comités de soutien aux jeunes de Tarnac se sont formés très vite, un peu partout en France et chez nous, à Bruxelles. Ces voix tentent de nous dire ceci, qui a son importance et que je vous invite à méditer: un étau froid et calculateur est tout doucement en train de fermer ses pinces et d'y enfermer tout ce qui prétendrait défier l'ordre présent. Des lois d'exception ont été approuvées par des assemblées élues, qui ont pour but de criminaliser toute forme de solidarité envers celles et ceux qui, d'une façon ou d'une autre, écrivent, agissent et tentent de propager autre chose que ce que nous sommes tenus de croire. La crise que nous traversons et qui va bien au-delà d'un dysfonctionnement passager des choses de l'argent, est l'occasion, pour les maîtres qui nous gouvernent, d'agiter de commodes épouvantails de toutes sortes et d'en appeler à l'union sacrée autour de valeurs qui n'en finissent pas de s'effondrer les unes après les autres. On pourra bien intimider et arrêter ceux qui se mobilisent contre cela, au palais de justice de Paris comme à Bruxelles, tout dernièrement; le pavé est dans la mare et l'on ne pourra l'en sortir qu'avec encore plus d'aveugle répression. Il n'est bien sûr pas nécessaire d'instaurer une société totalitaire pour venir à bout des mauvaises pensées qui viennent à certains. L'apathie et le silence général y suffisent amplement. Mais faut-il que l'on s'y résigne, je ne le pense pas.

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