lundi 9 mars 2009

14 juin 2008

C'est pas pour cafter, mais je n'ai pas vu les frères Dardennes, l'autre lundi, à la manif'... Remarquez, il se peut aussi que, vu l'affluence et considérant, par ailleurs, leur proverbiale modestie, ils se soient volontairement fondus dans la foule. D'un autre côté, on peut imaginer qu'ils avaient à faire ailleurs - cela dit sans jeu de mots – ce qui est bien naturel quand il s'agit de promouvoir un dernier film ou, pourquoi pas, d'en être déjà à la préparation du prochain. Cela dit, si je n'ai pas eu la chance de croiser les deux frangins et de prendre une bière avec eux, c'est que moi, j'y étais, à cette manif', vous l'aurez compris. Il y en a, autour de moi, qui gentiment me taquinent à cause de cela, s'en allant prétendre que, par ma présence, j'ai pu cautionner des revendications qui sont à mille lieues de mes préoccupations et de mes choix. Car, bien entendu, d'une part, il me semble absolument légitime que les premiers concernés par les très réelles difficultés de l'heure descendent dans la rue, j'ai même envie de dire qu'il était temps mais, d'autre part aussi, je ne me cache pas que pour certains, cette affaire de pouvoir d'achat n'est préoccupante que dans la mesure ou elle touche à ce que je tiens pour parfaitement dérisoire. Je veux dire, cette folle et vaine course à la nouveauté sous toutes ses formes qui entraîne les mêmes à désirer toujours plus et n'importe quoi. Les écrans plats géants, la nouvelle bagnole, l'avion pour aller se brûler la peau à Ibiza ou plus loin encore, le luxe de pacotille des boutiques à la mode, toutes choses qui me sont parfaitement étrangères et que je regarde comme tout aussi parfaitement méprisables, dois-je y insister. Maintenant, pour en revenir à la légitimité des rassemblements de cette semaine, elle me paraît indiscutable dans la mesure où, quoi qu'on puisse en avoir, il apparaît tout de même de plus en plus clairement que la crise que nous traversons depuis de longues années et qui n'est pas loin de son apogée, est bien plus profonde et pose beaucoup plus de questions que ce que les discours convenus des dirigeants syndicaux en laisse paraître. S'il était à la fois drôle et affligeant de voir des manifestants tirant et poussant une voiture au réservoir vide et allant se plaignant du coût de plus en plus exorbitant des carburants, il faudra aussi comprendre et intégrer le fait que, de mille manières, nos habitudes, les choix faits dans un proche passé devront, nécessairement, nous mener à une vaste et radicale remise en question de ce à quoi l'aveugle nécessité du commerce nous a jusqu'ici irrésistiblement façonné. Nous sommes, à cet égard, bien loin de voir se profiler, dans la pensée et les décisions politiques, la plus petite esquisse de réflexion un tant sois peu probante. On a vu ce qu'il en a été du “printemps de l'environnement” annoncé à grand renfort de réclame; on peut apprécier, chaque jour qui passe, l'indigence catastrophique de la plupart de nos responsables politiques, plus occupés à préparer les prochaines et peut-être ultimes échéances électorales de ce petit pays en voie de disparition qu'a réellement prendre en compte les alarmes qui montent de partout et se font de plus en plus pressantes. Il faudra bien que ce qui prétend contester l'ordre présent de ce monde, qui tourne de plus en plus de travers, comme le dis si justement une amie très chère, rompe radicalement avec les pensées convenues d'un autre temps. A défaut de quoi, il serait temps de s'en convaincre, ce que nous pouvons encore aimer dans le silence et le recueillement, le doux frémissement des feuilles, l'odeur des fleurs sauvages, le bourdonnement des insectes, les signes que tracent au ciel les oiseaux, ne seront un jour plus que mirages virtuels aux écrans de nos ordinateurs...






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