vendredi 6 février 2009

24 juin 2000

Heureux les esquimaux, les lapons, les ours blancs assis sur la banquise, les phoques nageant dans les eaux glacées de l'antarctique et les gens du sud de la France qui se bourrent au pastis, avec des cubes de glace, s'il vous plaît. Moi, cette chaleur, je vais vous dire, elle me tue, littéralement. Je perd cent grammes à la minute et, à l'heure où, tant bien que mal, je laisse se succéder les quelques vagues et brûlantes petites idées qui montent de mes circonvolutions cervicales immergées dans une boue grisâtre en pleine ébullition, je dois peser entre vingt et vingt-cinq kilos alors que la semaine dernière, au même moment, j'ai fait exploser mon pèse-personne rien qu'à jeter sur lui un regard distrait. Pauvres et courageux travailleurs dans les usines, les ateliers, les administrations, les magasins, les autobus et les trains, pauvres et inconscients naveteurs dans vos caisses de métal avec des roues en dessous et un moteur pour faire avancer le tout, coincés que vous êtes à quelques kilomètres à peine des portes de la capitale, avec ce soleil qui fait fondre l'asphalte qui colle à vos semelle si vous avez le malheur de sortir de votre engin transformé en four à pizza, rien que pour voir si, dans le lointain, tous ces connards vont enfin se décider à se bouger le cul. Je serais les syndicats, je lancerais un préavis de grève ultra-générale dans absolument tous les secteurs d'activité sauf, je vous en prie, les bistrots et les friteries. Je suis convaincu que ce vaste mouvement aurait l'assentiment de l'ensemble des travailleurs, voire même, des patrons eux-mêmes qui, quoiqu'en disent les mauvaises langues, travaillent aussi, ne serait-ce qu'un tout petit peu, dans leurs bureaux climatisés. Ce que je n'arrive pas à comprendre, malgré ma grande intelligence et ma parfaite connaissance des tréfonds de l'âme humaine, c'est comment, par une telle chaleur, même à la nuit tombée, il puisse se trouver des gosses de banlieues qui sortent de chez eux pour s'en aller se coltiner avec les petites têtes obtuses des supporteurs britishs ou autres. Se taper dessus dans de telles épouvantables conditions climatiques, excusez moi, les jeunes, ça me dépasse. Avez vous pensé un seul instant à ces pauvres policiers et gendarmes, affublés de tenues réglementaires qui doivent peser des tonnes, le casque transformé en cocotte-minute, obligés d'attendre que vous ayez fini d'emmerder le monde avec vos castagnes à la con, obligés, aussi, pour mettre fin à vos jeux débiles, de vous courir après dans les ruelles et sur les places, de vous taper dessus à grand renfort de matraque - et croyez-moi ,petits jeunes des banlieues, à leur place je ferais pareil - alors que leurs femmes les attends à la maison, que leurs gosses, à la télé, voient leurs papas recevoir des bouteilles et des tables et des chaises sur le coin de la gueule, y avez-vous pensé un seul instant, jeunes des banlieues vous qui, plus tard, privés de boulot, vous engagerez peut-être dans la police ou dans la gendarmerie? Faites-moi plaisir, jeunes débiles qui aimez la violence; donnez vous rendez-vous dans n'importe quel coin perdu d'un de vos quartiers et tapez vous dessus entre-vous, cassez-vous la tête, les dents, les bras, les jambes et tout ce que vous voulez mais nom de dieu, faites ça entre-vous et arrêtez de faire chier le monde à la moindre ridicule occasion. La plupart de ceux que vous prenez pour cible n'ont qu'une envie: faire la fête, boire un coup et chanter des trucs débiles à la gloire de onze types qui ont particulièrement bien joué ce soir là; s'il vous plaît, foutez-leur la paix, foutez la paix à ceux qui se promènent gentiment bras-dessus, bras-dessous ou tout seul dans une rue déserte et sur lequel vous tombez à dix pour lui piquer sa carte de banque, son porte-feuille avec la photo de sa chérie et les clefs de sa bagnole... Foutez-moi la paix, partez en vacances ou ne partez pas, tuez-vous dans vos bolides à la sortie des boîtes, ça m'est égal, mais foutez moi la paix... Allez, si je ne me fait pas éclater la gueule un de ces jours, on se retrouve en septembre, bonne vacances à toutes et à tous...




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