samedi 7 février 2009

11 novembre 2000


Je vais vous faire une confidence que vous ne répèterez à personne, ça fait un bout de temps que je dors mal, en bon français de chez nous, ça s'appelle de l'insomnie; surtout ne venez me plaindre, ce sont des choses qui arrivent et quand j'aurais mis le doigt sur le pourquoi de ce phénomène en fouillant mes tréfonds, il disparaîtra comme par enchantement, la nature est bien faite. Et, à propos de nature, l'autre nuit de veille, sur FR3, j'ai eu la chance de tomber sur un vieux machin du cinéma british mis en scène par Cornell Wilde, qui faisait acteur dans un film de mon enfance et qui se passait dans le monde du cirque. Pour ce qui est de ce film "Terre brûlée" présenté comme une oeuvre de science fiction et qui a été tourné en 1970, il ressemble un peu et même beaucoup, pour ce qui est du thème, au célèbre livre de Barjavel "Ravage" que j'ai dévoré quand j'étais tout gosse et que mon père m'avais mis entre les mains; bien lui en a pris, au brave homme; ce livre, sans aucun doute a nourri une bonne partie de mon pessimisme et du regard amer et désabusé que je porte sur ce putain de monde ce qui ne m'empèche pas de rire chaque fois que c'est possible, simplement parce que c'est, je pense, avec l'amour, le seul antidote réellement efficace. Dans le film, un cataclysme écologique, provoqué par une substance produite par l'industrie, provoque une famine mondiale et, pour une fois, ce ne sont pas seulement les pauvres nègres qui tombent comme des mouches; la planète entière est décimée, des émeutes de la faim éclatent à Londres, à Paris, à Washington et en Chine et les autorités, histoire d'être en mesure de donner à bouffer à une partie au moins de la population, bombardent quelques villes bien peuplées ce qui est une manière originale de traiter ce genre de problème et qui, en passant nous ramène à ce bon Jonathan Swift qui, dans un de ses meilleurs texte, suggérait aux riches de manger les enfants des pauvres qui sont, d'une part, une denrée comme une autre et qui remplace avantageusement la vache contaminée et qui, d'autre part, étant morts, ne sont plus en mesure d'assurer leur descendance de pauvres, lesquels, pour finir, disparaissent de la surface du globe à la grande satisfaction des riches qui peuvent alors vaquer à leurs occupations et divers plaisirs de riches sans plus se soucier de morale ni des problèmes insolubles de partage de tarte qui occupe, aujourd'hui encore une bonne partie du temps que nous consacrent les hommes politiques et leurs petits camarades économistes. Pour en revenir au cataclysme dont question plus haut, c'est un vrai gros et terrible cataclysme à côté duquel Tchernobyl et les bateaux qui coulent et répandent leurs saletés dans tous les océans du globe sont de bonnes grosses plaisanteries. Et quand on est confronté à un cataclysme de première grandeur et qu'on a la chance d'avoir une bagnole qui roule à gauche, qu'est-ce qu'on fait ? on embarque toute la petite famille et on va à la campagne où le frère du héros de l'histoire a une belle grosse ferme avec ce qu'il faut de vaches, de cochons de couvées et de terres qui, avec un peu de chance, pourront être cultivables, nous verrons bien, en voiture Simone et n'oublie pas les enfants. Tout ce petit monde traverse bien des épreuves et triomphe de nombreux périls, la ballade, commencée en voiture se termine à pied à travers la campagne anglaise ravagée par l'épidémie et parcourues par des bandes armées qui pillent tuent et massacre à tour de bras et auxquelles la petite troupe du départ, devenue tribu nomade, tient tête pour, à la fin, échouer devant la ferme du frangin transformée en citadelle et défendue par les paysans du coin. Devant le refus du frère des champs de laisser entrer l'ensemble des hommes des femmes et des enfant du groupe emmené par le frère de la ville, ce dernier doit se résoudre à faire donner l'assaut, le frère de la campagne est tué pendant la bataille mais c'est la dure loi de la guerre et une nouvelle vie commence. Sur la dernière image il y a cette inscription: "Ce film n'est pas un documentaire, mais il le sera peut-être un jour..."



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