vendredi 6 février 2009

15 octobre 2000

On finira bien par accepter cette idée, à priori loufoque, que la ligne de démarcation qui est tracée entre la réalité et la fiction, ou, si vous préférez, entre le vie de tous les jours et le cinéma, que cette frontière est bien plus mince encore que ce qu'on imaginait jusqu'ici; j'en veux pour preuve les ridicules et lamentables gesticulations des uns et des autres, dans les heures et les jours qui ont suivis la proclamation des résultats des élections de dimanche dernier; je veux croire que vous fûtes nombreux à prendre la mesure de cet évènement que constitue la possibilité - que dis-je, l'obligation - de participer ainsi, nous pauvres mortels et nouveaux citoyens à la constitution d'assemblées qui, pendant six longues années, auront à coeur de mettre en oeuvre les innombrables promesses et engagements de toutes natures pris par celles et ceux qui, désormais, porteront la lourde responsabilité de parler en notre nom, du sein des grandes cités au coeur des charmants hameaux qui font la fierté de notre charmant et si sympathique petit pays. Nous avons tous, en notre âme et conscience, portés nos suffrages sur tel ou tel programme de parti, sur la tête plus ou moins avenante de tel ou tel candidat ou candidate s'agissant des nombreuse dames qui se présentaient à notre attention, nous avons glissés nos bulletins dans l'urne ou bien nous avons joués du crayon électronique pour, en bout de course et de soirée, suivre quasiment en direct les premières escarmouches opposants les différentes catégories de vainqueurs. Car, oui, deux sortes de vainqueurs sont à considérer: les premiers sont ceux qui réalisent le meilleur taux de pénétration, c'est à dire, sur lesquels, à titre individuel, s'est porté le plus grand nombre de voix; dix-mille ici, trois cent cinquante là, quarante-huit ailleurs, selon la taille de la commune concernée. En face les autres, ceux qui représentent un parti qui, à l'issue du scrutin, estime être le seul à être en mesure de dicter sa loi aux autres qui, bien que l'un de leurs représentants puisse, à bon droit, faire état de son score, sont maintenu ou jeté dans l'opposition, qui est une autre façon, en langage politique, de nommer l'enfer ; car, faites un effort d'imagination et mettez vous à la place de celui-là, qui, pendant des années a rongé son frein, avalé quantité de couleuvres, gravit d'innombrables chemins de croix et qui, le jour de gloire étant arrivé doit, le soir même, à la suite d'arrangements pris dans son dos, renoncer aux éloges et aux honneurs dont il a rêvé... Bien sûr, les coups fourrés, les mensonges et les reniements, la rupture d'accords patiemment et fiévreusement élaborés par les uns et les autres, associés ou non à la marche des affaires, attendant avec confiance la confirmation de leurs attributions ou l'arrivée tant attendue dans le saint des saints, tout cela se fait avec une tranquille et inébranlable bonne conscience et, on ne peut en douter, dans le seul intérêt du bien commun. Pour ajouter encore au burlesque de ce mauvais spectacle, qu'on se souvienne qu'il n'y a pas si longtemps, d'aucuns, parmi les sommités de notre riant paysage politique, en étaient à proclamer haut et fort et aux quatre coins de l'horizon que, pas plus tard que très bientôt il y aurait du changement; on allait moraliser la vie politique, mettre fin aux abus de toutes natures qui choquait l'opinion, la justice allait prendre un visage un peu plus humain, les polices allaient faire la paix et s'en serait fini des dysfonctionnements et autres conneries, bref, tout ce joli monde allait enfin présenter aux citoyens un visage résolument lifté, les aspérités de toutes sortes allaient être rabotées, on allait voir ce qu'on allait voir. Hé bien, on a vu et on n'a pas fini de voir, c'est moi qui vous le dit. Si demain, comme certains le préconisent, on instituait le vote non obligatoire, je vous fiche mon billet qu'on battrait en taux d'abstention nos braves amis de la république voisine. Quant à ceux qui se déplaceraient encore pour remplir leur devoir de citoyens, je préfère ne pas penser à qui iraient leurs suffrages...




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