jeudi 5 février 2009

19 décembre 1998

Je ne sais pas le titre du film, enfin je ne m’en souviens pas, je sais seulement que RobinWilliams -que j’aime bien- joue dedans et que le court extrait que j’ai eu la chance d’entr’apercevoir, un soir que je me détendais après une dure journée de labeur en zappant distraitement m’a mis, comme on dit, la puce à l’oreille...Je ne sais pas si vous êtes quelques uns à me ressembler rapport aux méditations métaphysiques qui, avec l’âge, prennent de plus en plus de place dans l’emploi du peu de temps que l’on peut y consacrer mais moi, c’est le genre de rêveries qui m’occupe quand, par exemple, un proche en vient à casser sa pipe. Quand ce n’est pas à la vue d’un pigeon en train de vivre ses derniers moments, délicatement déposé sur un sachet de papier le long d’une façade par une âme charitable, une brave vieille dame peut-être, émue par le sort du pauvre animal. Que dire alors des soirs où le sommeil tarde à venir et que, les yeux ouverts dans l’obscurité, nous laissons notre esprit vagabonder au gré des images qui se sont construites, le plus souvent à notre insu, au plus profond de notre conscience. A quoi donc, et pour autant que nous soyions persuadé de son existence, à quoi donc le paradis peut-il bien ressembler? Pour beaucoup d’entre-nous, bien évidemment, avec l’influence qu’a pu exercer sur nous l’éducation religieuse, les cours de catéchisme et la bible illustrée aux images désuettes, le paradis ne peut ressembler qu’à cette vallée bienheureuse où gambadent des biches et des petits lapins et des fauves qui viennent manger dans la main. Il doit y avoir des fleurs dans une infinité de jardins et des anges pour monter la garde aux frontières car, bien sûr, si le paradis se situe dans un ailleurs qui serait ce monde-ci simplement renversé, il ne peut-être que fini. Pour ma part, j’ai cette chance d’avoir eu un père peu ordinaire qui, très tôt, nous a permis d’entrevoir, à mes frères et soeurs et à moi même que, derrière et au-delà des apparences, d’autres formes de la réalité pouvaient fort bien être présentes et que la ténacité de certains, savants ou philosophes, finirait par nous les rendre perceptibles. Songez seulement aux bonds extraordinaires de la physique au cours de ces vingt dernières années, pensez aux fabuleuses perspectives qu’elle a ouvertes à l'étude des plus infimes phénomènes de la matière; ces particules aux noms pas possibles à l’intérieur desquelles sont débusqués et observés des éléments encore plus petits qui, eux-mêmes, nécessairement, portent en eux d’autres minuscules parcelles qui, à leur tour et cela à l’infini...

Comment, en effet, pouvoir imaginer qu’à un moment de la chaîne, le processus de constitution de la matière puisse s’interrompre? Comment peut-il être possible que tout ce qui existe ne commence à exister qu’à un moment donné? Allons plus loin ou plus haut, si vous préférez: Levons les yeux vers le ciel par une belle nuit d’hiver, quand, assez loin des villes, la voûte céleste nous apparaît dans toute son indicible beauté. Que voyons-nous de l’univers? Rien, ou à peu près, même si l’azur est constellé de millions d’étoiles... Car au-delà de ce qu’il nous est donné de voir, des milliards de galaxies et des millions de milliards de soleils et de planètes sont là, à des distances absolument inimaginables; et plus loin et plus haut et à gauche et à droite et en dessous de notre pauvre vieille terre, toujours plus loin, des mondes, des myriades de sphères tournoient et naissent et meurent. Et les traces de leur agonie parviennent jusqu’aux observateurs qui scrutent et analysentet rendent compte de ce qui advient tout là-bas et au-delà... Ce qui est en haut est comme ce qui est en bas disait la sagesse ancienne. Tout est dans cette phrase anodine. Tout est dans tout, irrémédiablement lié et relié. Et nos carcasses d’os et de chair sont dans ce tout, participent de ce tout. J’ai presqu’envie de croire que nous sommes immortels et que le Fils de Dieu qui va naître, une fois encore, dans la nuit de Noël, n’est venu jusqu’à nous que pour nous faire entendre la voix colossale de l’éternité...



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