vendredi 6 février 2009

27 mai 2000

Je vous avouerais -à moins que vous ne le sachiez déjà- que les festivals en général et celui de Cannes entre - autres - ne m’ont jamais semblé être de véritables événements. Mais enfin, puisque festivals il y a, que tout le monde ou à peu près, en parle, il m’est bien difficile de passer à côté du sujet d’autant plus que, si mes souvenirs sont exacts, nous sommes là, vous et moi, en plein dans une émission consacrée au cinéma et même, consacrée presque, sinon entièrement, au festival de Cannes; si je fais erreur, si, par exemple il s’agit d’une autre émission de télévision - le juste prix, par exemple - je suggère que l’on m’interrompe tout de suite en coupant illico les caméras... Mais je vois qu’on me fait signe... un moment je vous prie...je prend le téléphone... oui, bon, d’accord, je continue? je continue, c’est ça? Bien, d’accord. Cette nuit et demain matin, de légères pluies alterneront avec de belles éclaircies qui iront en s’élargissant au cours de l’après-midi, les températures oscilleront entre quatorze et dix-huit degrés et si vous projetez une petite promenade digestive en soirée, prévoyez tout de même une petite laine... Pour ce qui est du festival, de Cannes, qui s’est clôturé pas plus tard que dimanche soir avec la distribution des prix, on notera que cette année, nos amis belges sont injustement écartés de toute forme d’éloges ce qui, assurément, tient au fait que les frères Dardenne n’ont pas terminé leur prochain film, ANTONIO, qui, d’après ce que j’en sais, racontera l’histoire d’un immigré italien de la troisième génération qui réussit d’une manière tout à fait épatante dans le domaine du commerce tel qu’il se pratique aujourd’hui, via Internet, poil à la savonnette. Ce que je retiendrais, moi, des à côtés de ce grand rassemblement, auquel participait notre estimé Jean-Lou Dupont, c’est cette interview du gros Gérard, dans le cadre d’une émission qui lui était entièrement consacrée sur la chaîne ARTE, diffusée alors que l’on pouvait à loisir se repaître de la bande annonce du film projeté lors de la soirée inaugurale du festival - de Cannes, donc - Vatel. Que je n’irais pas voir, comptez sur moi. Deux cents ans après la Révolution française, je trouve indécent qu’on nous assassine la rétine avec les fastes ridicules de la cour du roi soleil, poil à mon oreille. Ce que je suis loin d’avoir trouvé indécent, par contre, c’est donc, cette longue et, je le dis, passionnante séquence, au cours de laquelle le brave - oui, oui, le brave - Gérard, Gérard Depardieu et pas Gérard Lenormand, se livre d’une façon absolument touchante, pour ne pas dire, à certains moments, tout à fait émouvante. Voilà, n’est-ce pas, un gros escogriffe boulimique, mangeur de pellicules -de cinéma et pas de cuir chevelu - mal à l’aise avec les mots, tenant tant bien que mal dans un fauteuil trop petit pour contenir son dixième de tonne, voilà, disais-je, tout simplement un homme. D’une extrême gentillesse, qui part dans un grand et beau rire quand, au détour de l’interrogatoire, il est pris en défaut et qu’il ne sait que répondre, un homme sensible à ce qui fait la différence entre la connerie et l’intelligence élémentaire qui consiste, par exemple, sur le tournage d’un de ses films, où il jouait le rôle d’un prof confronté à une classe de demeurés, à citer une phrase d’un grand dramaturge hexagonal - Lamartine, Chateaubrilland ? - et proposer à l’un des jeunes figurants du film, de s’en imprégner, de la regarder en face et de voir si, au bout du compte, les: nique ta mère, putain chier-con, tu va voir ta gueule, hé, enfoiré et autres onomatopées jeunistes sont, oui ou non, du langage. Un Gérard Depardieu tantôt grave ou jovial, qui reconnaît qu’il en fait trop mais avoue sans fausse pudeur que, vraiment, c’est plus fort que lui, qu’il ne peut vraiment pas imaginer sa vie autrement, enfin et bref, une personnalité qui, assurément, ne méritait pas de ma part autant de petites méchancetés pour lesquelles je lui demande, en toute amitié, qu’il veuille bien me les pardonner, poil au gros nez, sympathique de Gérard...



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