jeudi 5 février 2009

31 octobre 1998

Zorro est arrivé; et si ce n’est pas encore le cas partout, qu’on se rassure, Zorro ne saurait tarder. De toute façon, Zorro est toujours là où on ne l’attend pas; c’est ce qui fait son charme et son mystère et c’est pour ça qu’on aime Zorro. Des Zorro, j’en ai vu, quand j’étais gosse. Je ne me souviens pas des noms mais ce qui est sûr, c’est que je me souviens de l’effet qu’il me faisait, le lascar... Sans parler des belles senoritas, avec leurs décolletés vertigineux et leurs nichons pointus qui tenaient touts seuls, même quand elles étaient à cheval derrière le héros lancé au grand galop -le cheval, pas Zorro- et que, sous l’effet de la dite galopade, les dits nichons tressautaient de manière fort suggestive ce qui, pour le petit garçon curieux des choses de la vie que j’étais, ne manquait pas d’un intérêt certain qui, d’ailleurs ne m’a pas quitté tout à fait à l’heure où j’écris ces lignes. Encore que. Coincé dans mon minuscule bureau, mon horizon se limite à quelques murs et à une fenêtre qui ne donne pas sur le désert mexicain et encore moins sur une paire de nichons, je n’ai pas que ça à penser, tout de même, pour qui me prenez-vous ? Pour en revenir à notre homme tout de noir vêtu-turlututu, il m’est souvent arrivé, dans mes moments de relatif abandon intellectuel, d’imaginer que j’étais ce justicier fier et orgueilleux parcourant le monde en tous sens pour traquer et punir de manière exemplaire tous les coquins, faquins, galleteux et autres tyranneaux qui passent l’essentiel de leur temps à imaginer les milles façons de nous empêcher de vivre comme nous l’entendons. Vous imaginez bien qu’il y a du pain sur la planche pour celles et ceux qui, pris d’un élan salutaire autant qu’impératif, se mettraient en tête de me rejoindre dans cette nouvelle croisade contre les méchants et les cornichons. Il s’agirait donc de mettre au point un plan de bataille précis et détaillé, de cibler parfaitement les objectifs, de frapper au bon moment et au bon endroit, de manière à s’assurer les plus grands succès susceptibles de déstabiliser l’ennemi et, dans le même temps, de nous gagner le plus grand nombre possible de sympathisants et de complices. Il est sûr, et je n’ai à cet égard aucun doute, que c’est par centaines de milliers que peuvent se compter aujourd’hui tous ceux qui seraient prêts à se lancer corps et âme dans une telle aventure et qu’il suffirait d’une action exemplaire et audacieuse, menée par un petit groupe d’intrépides, pour que, de partout, se lève le vent salutaire de l’insoumission. Bien évidemment et pour éviter toute équivoque ou interprétation hâtive des propos que je tiens ici et afin de ne pas ne pas semer la panique chez les fonctionnaires de la sûreté de l’état qui sont présentement à l’écoute de notre belle émission, il me faut, là, tout de suite et sans tarder préciser que les armes que je suggère d’utiliser lors de cette glorieuse campagne seront à la mesure de ses objectifs. Catapultes à tarte à la crème, mines anti-personnel à la purée de pommes de terre, grenades au yaourt, pistolets lanceurs de tranches de bananes, missiles sol-air porteurs d’ogives bourrées de bouses de vache, enfin, rien qui puisse en quoi que ce soit provoquer le moindre bobo à ceux qui seront les cibles des futures batailles pour lesquelles j’attends que vous soyez nombreux à vous engager... En attendant vos suggestions quant aux objectifs qu’il nous faudra viser et ne manquer sous aucun prétexte, je vous rappelle que je serais le chef et qu’il s’agira de s’en tenir à la plus stricte discipline si nous voulons entrer dans l’histoire... Sur ce, à la semaine prochaine !



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