vendredi 6 février 2009

30 septembre 2000

L'autre soir, il y avait Jean-Pierre Mocky à la télé et j'aime beaucoup Jean-Pierre Mocky; et si un jour, par hasard, Jean-Pierre Mocky me proposait de jouer dans un de ces films, je n'hésiterais pas une minute. Il se pourrait d'ailleurs que le lascar, avec qui je partage une égale aversion pour les innombrables turpitudes dont l'actualité récente nous donne le spectacle, je ne serais pas étonné d'apprendre disais-je qu'il projette de nous mitonner une version française du film qui, vous vous en souvenez, racontait les fâcheux déboires de Richard Nixon, obligé d'abandonner ses hautes fonctions à la suite du scandale du Watergate. Si Mocky me le demande, aucun problème, je ferais Jacques Chirac; Léon Michaux jouerait le rôle de Jean-François Khan, Jean-Louis Dupont camperait un Lionel Jospin plus vrai que nature - à condition de passer chez le coiffeur - quant à Xavière Tibéri, l'épouse de l'actuel maire de Paris, je ne sais pas trop. Maintenant, ceux qui viendrait prétendre que je n'ai aucune ressemblance avec Jacques Chirac feraient bien de regarder ailleurs et me dire si, par exemple, Gérard Depardieu ressemble à Christophe Colomb ou au Général de Gaulle. De toute façon, avec les progrès des images de synthèse et les prouesses des maquilleurs, plus rien n'est impossible et puis si Mocky exige que je tienne le rôle, c'est son affaire et j'estime que vous n'avez rien à voir la-dedans, c'est une affaire entre lui et moi; et puis, entre-nous, Léon Michaux n'a aucune ressemblance avec Jean-François Khan, mais cela ne l'empêchera pas de faire face à ses responsabilités devant l'histoire, la postérité et le chèque plantureux que Mocky est sur le point de lui faire parvenir. A propos de chèque, de pognon, de pots-de-vin, je suppose que les derniers développements de l'affaire Méry vous auront fait rire autant que moi et que vous suivez tout cela avec le même intérêt plus ou moins désabusé; parce que, entre-nous, on commence à avoir l'habitude et ce qui est étonnant, c'est tout le battage autour de cette histoire de cassette vidéo qui passe de mains en mains, que l'on planque au fond d'un tiroir et puis qui sort du même tiroir sans prévenir personne et qui disparaît, se volatilise et devient introuvable même pour les juges et les policiers qui ont pourtant une longue pratique dans ce domaine et qui, parfois, trouve sur le terrain de leurs investigations des trucs qui n'étaient pas là avant qu'ils n'arrivent. Donc, l'original, le master de la fameuse bande est introuvable, de là à prétendre qu'elle n'a jamais existé et que le document rendu public par le journal "Le Monde" la semaine dernière est un faux, il n' y a qu'un pas qui sera vite franchi le cas échéant et pour autant que ça arrange à peu près tous ceux qui sont, de près ou de loin, mêlés à cette histoire"abracadabrantesque" comme le disait le Président l'autre jour, citant Arthur Rimbaud, le poète et trafiquant d'armes bien connu. Que les braves gens qui sont aux affaires ne viennent pas se plaindre, après tout ça, si le bon peuple, fatigué, dégoûté préfère la pêche à la ligne au référendum; et puis aussi, ne raillons pas trop les moeurs de nos voisins, nous avons connu, nous aussi, de bien croquignonesques histoires comme celle, par exemple, de ce ministre, plus ou moins mêlé à l'affaire Agusta-Dassault qui, en arrivant à son cabinet, trouve sur son bureau un gros paquet de pognon, se gratte la tête, se demande comment tout ce fric a pu atterrir là et puis, le plus naturellement du monde, réagissant comme vous et moi il le brûle; et les pompiers, alertés par la fumée, restent gentiment à la caserne, la secrétaire du ministre n'entre pas en trombe dans le bureau pour s'encquérir de ce que fume son patron, l'histoire s'arrête là et le bonhomme, après s'être fait oublier pendant un certain temps, revient s'occuper de je ne sais pas trop quoi dans l'actuel gouvernement fédéral. Pour finir, un conseil: s'il vous arrivait d'avoir le moindre ennui avec la justice à propos de n'importe quelle stupide affaire d'argent ou de diamants retenez bien cette formule, qui est de Giscard d'Estaing, "J'oppose à ces rumeurs un démenti formel et j'ajoute méprisant". Si ça marche pour eux, y a pas de raisons pour que ça ne marche pas pour nous.










Aucun commentaire: