C’est fou ce que certaines bestioles ont la vie dure tout de même; prenez les dinosaures, par exemple. On aurait pu croire que, passé le premier engouement pour ces sympathiques animaux consécutif à la sortie de Jurassic Park, les choses allaient se tasser et que, subitement, les enfants allaient se passionner pour les grenouilles ou les acariens; il n’en n’a rien été et, dernièrement, on a pu redécouvrir les dinosaures grâce aux superbes images de synthèse réalisées par l’équipe de Tim Haines et, dans la foulée, les studios Disney ont remis ça avec le même procédé mais avec un accompagnement tout différent puisqu’en l’occurrence, ici, les Diplodocus, les Tricératops et autres Tyranosaures sont doués de la parole et que l’on peut, conséquemment, se prendre d’affection pour ces horribles animaux et compatir à leurs déboires. Compatissez si vous le voulez, pour moi, il est heureux que nous soyons débarrassés de ces monstres. Imaginez un monde où, en plus de George Bush, nous risquerions d’affronter à chaque coin de rue ou lors de nos promenades à la campagne l’un ou l’autre des représentants de cette faune, capable d’avaler en une seule bouchée l’un de nos enfants, la belle-mère ou le grand père qu’on aurait emmené en balade... Remarquez, pour ceux qui ont des comptes à régler avec un concurrent, en affaire ou en amour, ce serait un excellent moyen de se défaire d’un rival. Vous proposez benoîtement un pique-nique à celle ou à celui qui risque de vous faire de l’ombre et, entre le poire et le fromage, vous suggérez une petite promenade digestive, vous abandonnez les autres invités à leurs rots et à leur sieste et puis, en devisant de tout et de rien, vous entraînez votre future victime dans un sous- bois paisible où les oiseaux font cui-cui et où l’air est frais et puis -vous aurez évidemment choisi les lieux en fonction de la présence possible du plus énorme et du plus cruel représentant de la gent dinosaurienne- et puis, disais-je, au moment le plus adéquat, sur un prétexte quelconque, un besoin urgent, un coup de fil à donner, que sais-je, vous abandonnez courageusement votre ennemi au beau milieu d’une clairière qui se trouve être fréquentée par un troupeau de financiosaures ou de faucuosaures et, pendant que vous prenez la poudre d’escampette, retentissent dans vos oreilles les hurlements et les appels au secours de l’infortunée victime de votre ressentiment. Maintenant, en continuant de supposer que les dinosaures fassent partie de notre quotidien, une variante tout à fait convenable pourrait consister dans l’invitation à une partie de chasse de ce bellâtre coincé au comptoir de votre bistrot favori et qui, pendant toute une soirée, aurait lorgné votre chérie avec un sans gêne et une insistance que, bien évidemment, vous n’auriez pas supporté; le type aurait fait au moins deux fois votre taille et votre poids et, conséquemment, vous auriez hésité à lui rentrer dans le lard. Et comme celà se pratique déjà pour la chasse au sanglier ou au canard, rien de plus simple que de faire en sorte que le dragueur se retrouve dans le groupe invité sur vos terres pour massacrer au bazooka le Stégosaure, le Dimétrodon ou le Ptérodactile et, comme cela est fréquent et généralement impuni il suffit de s’arranger pour que le bonhomme se retrouve derrière un fourré et de lui balancer une bonne giclée de plomb en expliquant, par la suite et dans la pagaille générale que vous l’avez pris pour un Trachodon en train de pisser et que vraiment tout ça c’est vraiment pas de votre faute et que quand on n’est pas foutu de chasser, on reste accroché à son comptoir. Donc, je retire ce que j’ai dit tout à l’heure à propos des dinosaures et je me félicite par avance de la réussite des travaux entrepris en Grande-Bretagne et dans le plus grand secret par le célèbre professeur Brian Guinessisgoodforyou qui serait, selon mes informateurs, sur le point de réussir le clonage d’un de ces intéressants animaux. Et puis s’il fallait se résoudre à supprimer toutes les vaches du globe, nous aurions là une source inépuisable de viande pour les années à venir, quoi ?
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