Nous voici donc à pied d’oeuvre; l’année touche à sa fin. Un peu partout, c’est l’heure des bilans et je ne voudrais pour rien au monde manquer à mes devoirs envers vous en passant sous silence les quelques travers dont je suis coutumier dans ces chroniques que le monde entier nous envie. C’est vrai, tout de même, que nombreux sont mes tics et mes petites manies, quand ce sont pas, plus gravement encore, mes obsessions. J’ai, par exemple, cette fâcheuse habitude d’en remettre des couches sur la relative indigence de mes moyens, sur l’extrême austérité de mon cadre de vie, ce dont, sans aucun doute et comme on dit dans le peuple, vous n’avez strictement rien à cirer. Et que dire de cette sotte présomption que j’ai de toujours insister avec la plus extrême lourdeur sur ce prétendu bon vieux temps qui n’est, si j’y réfléchi un tant soit peu, que la ridicule et bien vaine nostalgie de mon enfance et de ma jeunesse. Comme si j’étais le seul à avoir été un enfant et un adolescent, comme si ce bonheur passé pouvait en quoi que ce soit vous intéresser ! Et puis, n’est-ce pas, de loin en loin, je vous parle d’amour, je joue au petit professeur en vous détaillant par le menu ce qui me semble bon en cette matière et quelle attitude avoir dans telles ou telles circonstances. Et ce n’est pas tout, derrière le sérieux de mes discours, il m’arrive de me laisser aller à vous titiller la libido en évoquant, à mots choisis et l’air de ne pas y toucher, ce que, je le sais fort bien, je devrais garder par devers moi. Oui, je suis un tantinet fétichiste, je n’aime rien tant que d’imaginer ce qu’il y a sous les jupes des filles et des femmes, ces mystérieuses et perverses créatures qui font rien que nous faire tomber en tentation et ne pas nous délivrer du mal, bien au contraire, amen. Tout cela pour que vous compreniez à quel point je suis conscient d’être parfois bien présomptueux de vous faire, avec, tout de même, vous ne pouvez manquer de me l’accorder, le talent consommé qui est le mien, des leçon de morale, de philosophie, de conduite amoureuse, quand ce ne sont pas des cours de sciences naturelles ayant trait aux moeurs érotico-maniaques des escargots. Oui, je le confesse, je ne me prends pas pour n’importe qui et il m’arrive même de penser qu’il restera de moi autre chose que quelques dizaines de grammes de cendre s’en allant au gré du courant de telle ou telle rivière, je n’ai pas encore réfléchi à la question mais, tant que j’y suis et puisque cela semble vous préoccuper, il me paraît que la Seine, ce serait une bonne idée. A moins que, selon un de mes vieux rêves, l’une de vous ne prenne dans son sac à main, à côté de son rouge à lèvre, de sa poudre de riz et de sa culotte de rechange, de dentelles noires de préférence, les maigres restes de mon indispensable personne et ne s’en aille les disperser sur la pelouse du vieux stade Maracana où je me suis vu, tant de fois, inscrire un but de légende sous les clameurs et les ovations de ses deux-cent milles spectateurs Et parfois, me laissant aller d’avantage encore à me rêveries, je ne puis m’empêcher, certain soir, d’évoquer le jour fatidique de mes funérailles. Et là, je me complaîs à maginer les visages baignés de larmes des femmes et des hommes qui auront eu l’immense privilège de me connaître voire de m’aimer. J’entends les commentaires dit à voix basses, le discours d’adieu que celle-ci ou celui là prononcera devant ma dépouille et le long cortège écrasé par la douleur se dispersant par petits groupes avant de se retrouver dans un de ces cafés que j’aurais aimé, pour y boire, se saouler la gueule et finir par rigoler aux souvenirs de mes facéties. Voilà comment je suis braves gens. Et voilà de quoi je vous nourri et vous abreuve sans vergogne; soyez sympas et ne me jetez pas la pierre, je finirais bien par m’arrêter de dégoiser, rassurez vous. Et faites moi plaisir, vous ou vous, là, loin d’ici, dites moi que vous me regretterez, ce serait bon pour mon ego... Allez, je vous laisse. Et je vous souhaite un joyeux Noël, un chouette réveillon de nouvel an et à l’année prochaine, même jour, même heure !
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