jeudi 12 février 2009

14 février 2004

Valentines, Valentins, c’est aujourd’hui votre fête. Vous en avez de la chance. Vous allez recevoir plein de cadeaux. Une cravate, du parfum, un camembert, une lettre de rupture, un coeur en chocolat, une petite culotte en dentelle, un stylo à bille, un nouveau pot d’échappement pour votre bagnole, une gifle, un fer à repasser, une carte d’adhésion au Mouvement Réformateur avec, en prime, un dîner en tête à tête avec Louis Michel, un week-end à Lourdes, enfin, vous allez être gâtés. Et je m’en réjouis. L’amour, n’est-ce pas, c’est une fameuse affaire et c’est bon pour les affaires. Aimer, c’est acheter, le léopard aussi et il n’en fait pas toute une histoire. Mais, demanderez vous, qui était Saint Valentin ? Hé bien je vais vous le dire. Le petit Valentin est né en 224 après Jésus Christ, dans un petit village de montagne, quelque-part dans ce qui est aujourd’hui le Frioul, dans le nord de l’Italie. Comme tous les petits garçons de son âge, il allait à l’école en semaine et, le dimanche, quand il faisait beau, son père l’emmenait au cirque de Pordenone pour voir les combats de gladiateurs. Quand il pleuvait, Valentin s’ennuyait. Hélas pour lui, le cinéma n’existait pas encore, le pop-corn non plus et il passait de longues heures à rêvasser devant la fenêtre en regardant tomber la pluie. Oui, Valentin était un enfant mélancolique et secret; il ne jouait pas avec les enfants du village, il restait à l’écart de ses condisciples dans la cour de récréation et il fuyait la compagnie des petites filles leur préférant celle des quelques livres que son père possédait. Devenu grand, Valentin prit de l’assurance, il se mit à la pratique d’exercices physiques exigeants, participant avec enthousiasme aux joutes des jeunes-gens de son âge et, un samedi, alors qu’il aidait sa mère à la confection de la polenta qui est une spécialité régionale à laquelle, pour ma part, je préfère la choucroute, des cris et des clameurs qui venait du centre du village parvinrent jusqu’à ses oreilles qui ne firent qu’un bond par le truchement duquel il se retrouva au milieu d’une foule en liesse qui fêtait le retour des soldats de la Légion Étrangère qui revenaient d’une longue expédition en pays barbare, couverts de gloire, de lauriers, de thym, de coriandre et d’une pincée de sel. Pour Valentin, ce jour là fut celui de la naissance de sa vocation: il serait Légionnaire. Et le lundi qui suivit le dimanche qui était le lendemain de ce samedi-là, Valentinus Rudolfus de son vrai nom, portant un maigre baluchon, s’en fut vers son inexorable destin. Alors qu’il était à quelques jours à peine de la Capitale de l’Empire, pour lequel il s’apprêtait à se couvrir de gloire, de laurier et tout ça, il fit une bien singulière rencontre: c’était une femme, oui, une femme. Elle vint vers lui et lui dit “tu viens chéri ?” et lui qui n’avait jamais connu l’amour qui est enfant de bohème, il la suivit et se laissa aimer si vous voyez ce que je veux dire. Et puis, après avoir payé le prix de sa trop brève ivresse, il fut pris de remords et à la première taverne qu’il croisa sur sa route, il noya sa honte dans le vin. Et dans son délire éthylique il entendit une voix, il vit des anges descendant des nuées, portant des aspirines - les anges, pas les nuées - et la voix disait “Valentin, mon tout petit, va, et n’oublie jamais que tous les chemins mènent à Rome, rejoins ceux qui croient en Moi et n’oublie pas mon petit cadeau." Et c’est ainsi que, le soir du 14 février 246 après Jésus Christ, Valentin, suivi d’une foule innombrable de disciples fit son entrée dans la Ville Lumière qui était plongée dans l’obscurité en raison d’un arrêt de travail de la catégorie de personnel chargé, précisément, de l’éclairage public. Mais, hélas, les ténèbres n’empêchèrent pas que Valentin soit identifié formellement et arrêté. Jugé et condamné pour atteinte à la sûreté de l’Etat, il connu le martyre dont je vous passe les horribles détails et, pour des raisons qui restent à éclaircir il fut canonisé par Clément VII en 1381 et devint le protecteur des amoureux sous le règne de Henri IV pour d’aussi obscures raisons. Décidément, Valentin, c’est le jour et la nuit et j’y perd mon latin...



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