jeudi 12 février 2009

7 févier 2004

Puisque c’est le printemps - en tout cas je sens que ça vient oh oui, c’est bon - et que la nature se réveille, avec les premiers bourgeons aux arbustes et autres signes qui ne trompent pas, je me sens d’humeur plutôt coquine et vous allez en profiter. Pour commencer, une confidence; je me suis farci le dernier film de Bruno Dumont. Un titre en anglais, “Twenty nine palms” qui à rapport à des lieux désolés et désertiques quelque-part en Amérique, que traverse un couple dans une grosse bagnole pour des raisons plus qu’obscures; ce même couple qui s’adonne aux joies de la chair dans l’eau de la piscine d’un motel, dans les rochers du désert, assis, debout, par devant et par derrière, enfin, toute la panoplie. En plus, ce monsieur et cette dame ont toutes les peines du monde à communiquer autrement que par le truchement de la zigounette et du pilou-pilou, il ne se passe absolument rien pendant les trois quarts de l’histoire que j’ai été à deux doigts de planter là et je n’ai rien, mais alors rien appris de ce machin. Sinon, et c’est peut-être la morale de l’histoire, que les hommes et les femmes n’ont finalement rien à faire ensemble, sinon que d’échanger leurs groupes sanguins. Je ne partage évidemment pas ce genre de constat et j’ai encore, malgré les déboires, ruptures et autres petites désillusions, la faiblesse de croire que l’amour est encore de ce monde. Et ce n’est pas Catherine Breillat qui me fera changer d’avis. La voici, n’est-ce pas, qui nous invite à nous précipiter voir son dernier film où, encore une fois, il est question des prétendus insolubles mystères liés à notre condition d’animaux sexués. Je vais vous dire, tout ce ramdam à propos des méchants bonshommes et des pauvres victimes de leur indécrottable bêtise, de leurs peurs et de leur foncière incompréhension de leurs alter-égos de l’autre sexe; tout cela commence tout doucement à me courir sur le haricot, si je puis me permettre. Car enfin, soyons sérieux, c’est un fait absolument incontestable que nous sommes, vous mesdames et nous, messieurs, très différents à de nombreux égards, je ne vais pas vous faire un dessin. Que ces différences soit érigées - si j’ose dire - en un fatras d’obstacles radicalement insurmontables entre-nous, je ne vois pas que l’on puisse se permettre d’en faire une loi universelle ni un dogme à vocation totalitaire. Qu’il y ait des hommes stupidement misogynes, c’est un fait; que des femmes se sentent méprisées et salies par le regard que ces types posent sur elles, c’en est un autre; de là à en conclure que tous les hommes sont des salauds et toutes les femmes des créatures sans défense jetées dans un monde qui leur serait par nature hostile c’est, me semble-t-il, aller un peu loin. Ce qui me semble évident, je le dis en passant, c’est que la prétendue révolution sexuelle des années soixante n’a en tout cas rien fait qui soit de nature à clarifier une discussion qui tourne, ici, à la leçon de choses, là à la croisade d’un puritanisme avec lequel, je dois vous l’assurer, je ne me sens aucune affinité. J’ai bien l’impression, au contraire, que plus on s’escrime à tenter de démêler les fils de cet écheveau et plus les solutions à ce qui n’est finalement pas un problème s’éloignent. Au risque de passer pour un empêcheur de se grattouiller en rond et pour en revenir à ce que je disais tout à l’heure, il n’y a, selon moi, aucun mystère à éclaircir et les choses sont d’une parfaite simplicité. La nature a fait que nous soyons des êtres différemment sexués, que le commerce amoureux est une chose ma foi fort plaisante et ce n’est bien sûr pas seulement un hasard. Si l’union charnelle provoquait des souffrances insoutenables, notre espèce et de nombreuses autres ne seraient jamais arrivées à leur terme, je ne serais pas là à vous raconter tout ça et vous ne seriez pas là non plus à être suspendus à mes lèvres, c’est une métaphore, vous l’aurez compris. Donc, que chacune et chacun mette de l’ordre dans tout ça s’il en éprouve le besoin et, pour le reste, que Breillat, Catherine Millet et d’autres arrêtent de foutre leurs nez dans mes petites affaires - si j'ose ainsi dire - c’est, pour ma part, tout ce que je leur demande.


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