dimanche 8 février 2009

3 février 2001

Je m'en vais vous raconter une histoire. Une histoire très édifiante qui se passe de nos jours, pas loin de chez vous et tout près de chez moi. J'ai trouvé ça dans une feuille à grand tirage en prenant l'apéro dans mon bistrot favori. Il était une fois des étudiants en communication; vous savez bien, cette discipline scolaire et même universitaire, qui attire des milliers de jeunes filles et de jeunes gens qui veulent faire journaliste, marketteur, porte-parole d'une fabrique de savonnettes, attaché de cabinet de ministre de la culture, publicitaire et toutes ces sortes de choses. Ces étudiants, qui suivent les cours d'une haute école de la région Liégeoise ont un jour l'idée d'organiser une soirée thématique avec, pour support, la fameuse émission «Strip-Tease» et comme invité de la fête, le très illustre polisson du petit écran, André François qui, avec d'autres forbans, a signé quelques-unes des meilleures moutures de cette série. Base de la discussion après projection des oeuvres immortelles de l'André, «voyeurisme ou regard objectif sur la société». Le rassemblement des jeunes futurs communicateurs et de leur invité est prévu le 30 janvier dans la salle des Chiroux,à Liège toujours. Et puis, au dernier moment, les organisateurs apprennent que la soirée se fera sans eux, sans projection de Strip-tease, sans débat et, forcément, sans André François. Il vous intéresse de connaître la cause de la suppression de cet innocent rassemblement ? Je m'en vais vous la dévoiler. Il se trouve, tout bêtement, que le député permanent chargé de l'enseignement Provincial, sur le motif qu'il n'avait pas en sa possession les détails de cette manifestation, a jugé qu'en conséquence la réunion ne pouvait se tenir. J'ignore, évidemment des détails de quoi il pouvait bien s'agir, la couleur des sièges de la salle, l'épaisseur du tapis, la tenue vestimentaire qu'avait choisi André François pour la circonstance... Cela reste et restera jusqu'à la nuit des temps, un profond mystère. Ce qui n'a rien de mystérieux, par contre, c'est le fait que, parmi les documents qui devaient-être montrés, était prévu un sujet, tourné il y a trois ou quatre ans dans une banlieue ouvrière et forcément rouge de l'agglomération Liégeoise et dans lequel on voyait un certain nombre d'élus communaux, dont le bourgmestre d'alors, tenant une espèce de meeting à l'occasion d'une braderie, dans un paysage désolé et devant un public clairsemé et qui, à l'évidence, s'en foutait royalement, du meeting. Il y avait ce moment où un quidam, manifestement éméché, prenait à partie ces messieurs de la commune, montait sur l'estrade et en était délogé, sous les rires et les sarcasmes d'une demi-douzaine de spectateur. Il se trouve que, parmi les glorieux représentants du prolétariat se trouvait le député permanent et censeur occasionnel dont question plus haut qui devait, en ce temps là, être échevin, du commerce, peut-être, et que le moins que l'on puisse dire c'est que ces gens, dans le reportage, ces élus du peuple montraient de leur fonction et de leurs convictions sociales, un visage particulièrement navrant et même, franchement ridicule. Voilà pour l'explication. Pour le reste il n'est pas inutile de rappeler que tous les sujets de Streap-tease sont tournés avec l'accord de ceux qui y figurent et que donc, les protagonistes n'ont a s'en prendre qu'à eux-même si, parfois, le fait d'avoir accepté de jouer le jeu se retourne contre eux, c'est la loi du genre. Ce qui est grave dans cette édifiante histoire c'est qu'un insignifiant baron de province qui a permis que l'on apprenne de lui ce qu'il aurait préféré qu'on ne sache pas et qui s'en trouve chagriné, puisse de la sorte exercer de telles pressions et décider de ce qui peut ou ne peut pas être vu. Mais le véritable scandale consiste dans le fait qu'à ma connaissance en tout cas, ce lamentable épisode n'ait donné lieu à aucune espèce de riposte de la part des futurs experts en communication qui, en ce domaine, ont manifestement encore pas mal de choses à apprendre. Au vu de ce qu'ils ont connus, le «regard objectif sur la société» ils doivent désormais le poser sans la moindre hésitation et en tirer toutes les conséquences.





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