jeudi 12 février 2009

18 juin 2005

Ce qu’il y a de bien avec la fin du monde, c’est cette manière qu’elle a de passer pratiquement inaperçue et de donner l’impression qu’elle sera toujours remise à plus tard. Et pourtant, l’autre soir, sur la deuxième chaîne française, le petit Delarue et ses invités nous en ont mis plein dans la figure, de la fin du monde... Je ne sais pas si vous avez suivi cette émission mais, de mon côté, tombant dessus par hasard, il ne m’a pas fallu longtemps pour me conforter dans cette idée, que je traîne depuis déjà un certain temps, que les carottes sont cuites et qu’il n’en faudra pas de beaucoup pour qu’elles se carbonisent au fond de la vieille casserole que constitue la malheureuse planète dont nous avions la garde. Pour le dire autrement et au risque de vous gâcher vos vacances, il semble bien, à en croire ces éminents spécialistes souriants et détendus, que les choses, les évènements plus ou moins fâcheux, risquent bien de nous tomber sur la tête, comme le ciel a pu tomber sur celles de nos ancêtres les gaulois, découvrant avec terreur les légions romaines et leur extraordinaire science de la guerre. Résumons-nous. La couche d’ozone se réduit en peau de chagrin, l’effet de serre est largement et scientifiquement avéré, des dizaines d’espèces animales, tous genres confondus, disparaissent chaque jour qui passe et, comme je le disais à mon neveu, commerçant de son état, de toute façon, tout doit disparaître, c’est la braderie, par ici messieurs-dames. Oui, tout cela, la disparition annoncée de notre arrogante espèce humaine de mes deux, ne semble pas émouvoir mes contemporains et, je le dis en passant, cette inconscience me réjouis plus qu’elle m’effraie. Oui, mes chères soeurs et chers frères, réjouissons-nous. Dans deux ou trois générations l’Univers nous aura définitivement engloutit dans un maelström de gaz, de fumées toxiques ou autres bombes thermonucléaires, les enfants de nos petits enfants vont en baver, ça risque d’être dur pour eux mais enfin, que voulez vous, c’est la vie, il faut bien que tout le monde meure, d’une façon ou d’une autre. Nous savions les hommes mortels, les civilisations aussi et il faut seulement s’habituer à cette nouvelle évidence: les planètes ne sont pas à l’abri de ce phénomène. D’ailleurs, que vous le sachiez, nos amis les astronomes et autres astro-physiciens ont déjà eu l’occasion de le vérifier, les étoiles naines, les étoiles géantes, les galaxies, enfin tout ce qui tremblote dans l’infini des cosmos et des nébuleuses spirales, tout est soumis à cette loi inéluctable de l’apparaître et de la disparition. Il ne fait aucun doute, pour moi, que, partout dans l’immensité de la Nature, des générations d’êtres de toutes formes et de toutes natures, aussi ou sinon plus intelligents que nous, ont disparus dans des cataclysmes inimaginables et que le souvenir de ce qu’ils furent s’est éteint à jamais. Donc, arrêtez de gémir et de vous tordre les mains d’un désespoir bien mal à propos, ce qui va advenir ne peut tout simplement pas ne pas advenir. Un petit tour et puis s’en va. Celui-ci, celle-là, ceux-ci et celles là, mon père, mon frère, mon jumeau, mes cousins, mes oncles et mes tantes, mes grands-parents, toutes et tous ont disparus et ne sont plus que de vagues particules voguant dans l’immensité et le silence. Mais enfin, ce soir encore, traçant des arcs majestueux dans le bleu d’un ciel qui va bientôt se fermer sur la nuit, les hirondelles sont en chasse et les insectes n’ont qu’a bien se tenir, l’heure va sonner, est en train de sonner, pour eux aussi. Les arbres, les arbustes, cette végétation luxuriante vue du train de Liège à Mons et de Mons à Liège, toute l’incroyable vigueur de la vie est encore perceptible, elle n’a pas encore abdiqué, elle se tient fièrement là; en attendant. Il ne s’agit pas de s’accrocher à la vie mais seulement de jouir de sa présence.




Aucun commentaire: