jeudi 12 février 2009

29 mars 2003

Ne comptez pas sur moi pour commenter et épiloguer à propos de la guerre en cours là où vous savez. Les télévisions -toutes chaînes confondues à l’exception peut-être d’Arte- nous abreuvent depuis maintenant plus d’une semaine sur le sujet, à tort et à travers et ça commence déjà à bien faire. Pour ma part, je me tiens à l’écart de ce fouillis indigeste d’où rien ne ressort véritablement sinon, en bout de course, que la guerre est un grand malheur ce que l’on savait déjà. Et puis, je ne suis ni stratège ni politologue et mes avis en ce domaine ne risque pas de vous intéresser beaucoup; aussi vais-je plutôt vous entretenir d’un phénomène directement en rapport avec les actuels évènements, je veux parler des innombrables et incessantes manifestations qui ont lieu un peu partout dans le monde. En dehors du fait qu’effectivement, la plupart des manifestants protestent contre la guerre, il s’en trouvent aussi qui défilent pour ce qui pourrait sembler être hors de propos alors qu’en réalité, nombreux sont ceux qui font le lien avec la logique qui a prévalu dans le déclenchement des hostilités et cette autre forme de logique à l’oeuvre dans les hautes sphères de l’économie politique et dans les milieux financiers. Je ne vous apprendrais rien en disant que pour les gens qui opèrent dans ces milieux, à quelque niveau que ce soit, le rendement, le profit à court et à long terme, la bonne tenue de la bourse et les fluctuations de toutes natures ayant trait à l’argent, tout cela et le reste dont je vous passe les détails n’a strictement rien à voir avec la moindre conception ayant un rapport avec la morale ou avec l’humanisme.Donc, pour en revenir à cette prise de conscience, sensible et visible dans la contestation qui monte de partout, j’y vois le signe encourageant d’une possible prise de conscience de la nature effective des choix faits aujourd’hui par ceux qui gouvernent le monde et qui ne sont pas ceux que l’on voit le plus souvent sur le petit écran ou à la une des journaux. Dites-vous bien que Bush junior est le jouet conscient et complice de l’ Empire le plus moderne qui ne se soucie que de s’étendre de plus en plus loin dans des territoires qu’il connaît parfaitement et qui ont déjà capitulé devant sa surpuissance qui égale, mais avec beaucoup moins de panache, l’Empire Romain avec lequel certains commentateurs, aux Etats-Unis, compare l’Amérique d’aujourd’hui. Que cette prise de conscience puisse déboucher sur une remise en question fondamentale du désordre mondial, vous pensez bien que je préfère ne pas même y songer; tout au plus verrons nous, dans les mois qui viennent, une poussée de fièvre ici ou là, qui sera efficacement combattue avec les moyens habituels et puis, la marche du monde reprendra sa vitesse de croisière, jusqu’à la prochaine crise ou la prochaine guerre. Une seule chose me réjouit et me console, c’est que le temps, de toute façon, finira par l’emporter. Les guerres et les soubresauts de l’histoire finissent par tomber dans l’oubli. L’Empire Romain a été vaincu par les barbares et l’Empire américain, lui aussi, finira, d’une manière ou d’une autre. De la même manière, ce monde, qui nous paraît être là depuis toujours et dont nous croyons bien naïvement qu’il sera toujours là, rassurant, tout de même, avec ses forêts, ses océans, ses charmants animaux, ses nombreuses distractions, sachons tout de même que lui aussi est appelé, un jour, dans un lointain ou un proche avenir, à disparaître. Et ce qui sera l’humanité à ce moment disparaîtra aussi. Et dans le silence trompeur d’un vide qui n’en n’est pas un, le globe que l’on disait terrestre du temps que les hommes vivaient et parlaient, continuera de tournoyer dans l’espace et le temps, sous les yeux, peut-être, d’autres témoins, là bas, ailleurs dans l’infinité des mondes.Voyez vous, eu égard à tout cela, Héraclite, Epicure, Lucrèce et bien d’autres de ces temps lointains étaient d’une clairvoyance et d’un courage qui ne cesse de m’enchanter et me réconcilier avec la vie, quoi qu’il puisse encore arriver...



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