dimanche 8 février 2009

29 septembre 2001

Bon allez, c’est fini, on n’en parle plus. Il y a eu beaucoup de morts, il va encore y en avoir, loin d’ici et, selon les lois du G.S.U. - Grand Spectacle Universel - il y a de fortes chances pour que vous n’en perdiez pas une miette. Si les amis américains nous la jouent comme à l’occasion de la guerre du golfe, les télés seront sur le terrain, en Afghanistan, pour commencer et ailleurs, pourquoi pas, si les choses prenaient une tournure plus grave et alors, vous êtes assurés, une fois de plus de suivre, pratiquement en direct, les faits d’arme des héros de la première vraie croisade du nouveau millénaire. Attention tout de même, faites comme tout le monde et n’oubliez pas le masque à gaz avant de vous installer devant le petit écran, on ne sait jamais. Voilà où nous en sommes. Les masque à gaz se vendent comme des petits pains, bientôt se sera la ruée sur le sucre, le riz, le café et les cassettes vidéo pour enregistrer les images des batailles dans les montagnes afghanes, les frappes chirurgicales sur Kaboul et, entre les coups, les quarts de finale de la ligue des champions et le film X du samedi soir sur Canal+. Il se confirme bien que nous vivons une époque de plus en plus formidable et que je ne peux que persévérer dans la voie que j’indiquais samedi dernier et à laquelle, semble-t-il, vous n’avez pas été insensibles si j’en juge par les nombreuses réactions reçues au secrétariat de notre belle émission. Pour en revenir aux chemins, aux sentiers qui serpentent dans les prés et dans les bois, qui longent les rivières et surplombent les lacs où est cachée l’antique sagesse, il me faut vous dire, en toute humilité que j’en suis à peine à en entrevoir les premiers signes et que, si j’ai décidé de vous en parler, avec mes mots à moi, qui ne sont pas ceux d’un spécialiste ni même d’un érudit, c’est qu’il se trouve, très simplement, que je distingue, dans le très lointain, un quelque-chose, un «je ne sais quoi», un «presque rien» dont je pressens qu’il est plein de promesses. Promesses de quoi, je n’en sais encore rien, quelque-chose, en tout cas, qui a à voir avec la paix de l’âme, le repos de l’esprit et le simple bonheur qui est peut-être à la portée du premier venu, vous ou moi; et qui donc ne demande ni n’exige aucune forme de savoir ou de connaissance particulière mais simplement qui donne aux choses, à la réalité qui nous entoure et dont nous sommes partie prenante, une autre forme, une autre dimension. Souvenez-vous de ces paroles “Heureux les simples d’esprit, car il verront Dieu”... Qu’est-ce que ça peut bien vouloir dire, sinon, peut-être, ceci qu’il n’y a rien à connaître, que la recherche est vaine puisqu’il n’y a rien à trouver et que la vie est d’une simplicité et d’une évidence telles qu’elle se suffit à elle-même, que ce qui nous apparaît n’est qu’une somme d’illusions dont nous ne savons pas qu’elles sont des illusions et que derrière l’apparence, il n’y a rien, ni essence, ni substance, ni épaisseur, seulement du rien, seulement des images que le temps emporte inexorablement, seulement des ombres de vivants qui seront oubliés, dont ne restera, peut-être, que d’infimes particules voyageant dans l’espace. Mais en attendant, vous vivez, je vis, je suis dans la totalité du monde tout comme vous en faites partie, nous vivons, donc et nous avons en nous, d’une manière ou d’une autre, cette envie de faire de notre vie “quelque-chose”, mais nous ne savons pas quoi, ni comment, ni pourquoi, ni si il y a, au bout du compte, une quelconque raison de faire ceci plutôt que cela. Une seule chose est sûre et nous le savons au plus profond de nous depuis l’enfance, et cette idée ne nous quitte jamais: un jour, nous disparaîtrons; nous passons, nous allons notre chemin et nous savons où conduit ce chemin. Pour beaucoup, de nos jours, cette perspective est insupportable, injuste, la médecine et la recherche moderne tentent de conjurer le funeste sort qui nous est promis à la première seconde de notre conception, mais la recherche et la médecine ne pourront jamais que faire reculer l’instant fatal. Dans dix vingt ou cent ans, la terre sera peut-être peuplée de centenaires qui feront du jogging dans les parcs publics et ils paraîtront avoir vingt ans. Ils n’auront ni rides, ni cheveux blancs, mais ils mourront, de toute façon...





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