lundi 9 février 2009

8 février 2003

Depuis Icare, les hommes ont finalement réussis à s’arracher à la terre, cette bonne vieille terre qui leur semblaient trop exiguë. La liste est longue de ces inventeurs qui passaient pour fous et qui bricolaient des engins conservés aujourd’hui dans les musées et dont on se demande comment ils ont pu abriter ces autres inconscients qui jouaient leur vie à chaque nouvelle aventure. Telles ces images du vieux cinématographe, muet et en noir et blanc où l’on voit ce brave bricoleur de l’ombre pédaler comme un malade sur une bicyclette à laquelle sont accrochées des ailes articulées et puis qui, subitement, roule sur le sol, entraînant dans sa chute des heuresde travail et de rêves. Et cet autre, toujours avec ces images tremblotantes et défilant trop vite, que l’on voit se hisser sur le parapet du premier étage de la tour Eiffel, se jeter dans le vide et s’écraser au sol, quelques dizaines de mètres plus bas, sans avoir pu déployer les ailes de toile grossière qui aurait dû lui permettre de survoler Paris. Et puis, un jour, tout de même, le premier avion s’est élevé de quelques centimètres au dessus du sol; et les autres ont suivis. De plus en plus haut et de plus en plus vite. A la grande guerre, on a inventé l’observation aérienne de l’ennemi, dans la foulée, on a mis des mitrailleuses sur le fuselage et placé des bombes sous les ailes des vieux coucous. Pendant celle de quarante et après les essais fructueux et plein de promesses de la guerre civile espagnole, les allemands ont bombardé Londres; les alliés ont bombardé Dresde et Berlin - il fallait en finir avec le monstre - et, en apothéose, l’Amérique a atomisé Hiroshima et Nagasaki. Pendant les derniers mois de la guerre, le régime nazi, à l’agonie, avait testé les premières fusées les VI et V2, de sinistre mémoire. Ces engins étaient le fruit des travaux de cet ingénieur, Wernher Von Braun, que les américains emmenèrent dans leurs valises avant que les russes ne mettent la main dessus; les soviets se contentant de démonter un maximum des installations de la base de Peenemünde et de faire prisonniers quelques uns des savants allemands qui avaient fuis devant l’avance des armées américaines. Les deux alliés de l’heure étant rentrés à la maison, l’un non sans avoir considérablement étendus sa zone d’influence, l’autre universellement reconnu comme champion de la liberté; chacun, en tout cas, seuls détenteurs de technologies secrètes qui allaient déboucher sur la course à l’espace et, en même temps, sur la longue période de la guerre froide, l’une alimentant l'autre. Et puis voilà. La question que je me pose depuis longtemps est celle-ci: qu’est-ce qui pousse l’espèce, au travers des héros et des martyrs de cette épopée, à vouloir conquérir les étoiles ? Car, bien que la route soit encore longue et même si, au bout du compte nous risquons de ne pas pouvoir aller au-delà des limites de notre système, ce qui entraîne ainsi les intrépides explorateurs ne serait-ce pas la connaissance ultime de nos origines et du sens de notre présence dans l’univers ? Ne serait-ce pas aussi, le rêve de la rencontre avec les créatures dont les savants nous disent avec de plus en plus de conviction que très vraisemblablement elles ont dû, loin d’ici, immensément loin, apparaître sur des planètes semblables à la nôtre. Oui mais voilà, comment se ferait la rencontre, comment et sur quoi pourrait se fonder une mutuelle reconnaissance? Je vois bien, comme vous, la difficulté que nous avons, ici, à reconnaître l’autre comme un semblable, un égal. Je vois, comme vous, que les miracles de la science sont mis prioritairement entre les mains des militaires dont l’imagination, en matière d’anéantissement, est inépuisable. Sommes nous les seuls dans l’univers à nous comporter ainsi? Qu’est-ce qui nous dit que les habitants des autres mondes seraient à cet égard différents de nous? Rien. Nous ne le savons pas et nous ne le saurons peut-être jamais. Il suffirait que la guerre qui s’annonce soit la toute dernière de l’histoire des hommes...


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