jeudi 12 février 2009

26 février 2005

Les auditeurs vétérans de cette glorieuse et enviée émission et, partant, les millions de fidèles de ces modestes chroniques le savent, avant d’entamer la carrière de “monsieur qui cause dans le poste”, j’ai exercé une foultitude de grands et petits boulots, sauf chauffeur de taxi, en raison d’une profonde aversion pour les véhicules à quatre roues qui font des trous dans la couche d’ozone, ce qui est très vilain. Et voici que, depuis le début de cette semaine, votre humble serviteur, non content de s’occuper des courses, du gamin, du ménage - en ce compris la vaisselle, le repassage, le souper - voici, disais-je que je me suis mis dans la peau d’un représentant de commerce. Bien entendu, je ne me déplace qu’en train en autobus ou à pied, vous savez pourquoi et le vaste champ des mes investigations se trouve être nos charmantes provinces et les villes, moyennes ou petites où l’on peut avoir la chance de trouver des librairies. Pourquoi des librairies, demanderez vous. Hé bien pour la simple raison que le numéro 4 de la revue “Mandrill” est sorti de presse et que je me suis proposé auprès des valeureux animateurs de la dite revue pour en distribuer ailleurs qu’à Liège ou Bruxelles comme c’était le cas jusqu’il y a peu. J’ouvre ici une parenthèse pour rappeler aux éventuels distraits que “Mandrill” est une revue de très bonne qualité, qu’elle manie l’humour et la dérision sans jamais tomber dans la vulgarité, que les gens qui y prennent la plume ont un talent certain, qu’ils savent ce qu’écrire veux dire et que, de surcroît, ils ne se prennent pas au sérieux. En outre, pourquoi ne pas vous le confier, mes amis ont eu l’extrême bonté de me convier dans les pages de la dernière parution ce qui, d’une certaine manière, pourrait constituer, pour certaines et certains d’entre vous, une raison supplémentaire d’acquérir et déguster ce qui, dans quelques années, sera peut-être une rareté que s’arracheront les collectionneurs ici, là ou ailleurs, considérez la parenthèse comme fermée. Lundi, j’ai donc remplis mon sac de voyage de quelques exemplaires de la revue et, je m’en suis aller rejoindre la gare de chemin de fer, à un peu plus de cent mètres de mon nouveau domaine, j’ai attendu le train sur le quai en fumant une cigarette, j’ai rejoins la gare de Liège-Guillemins pour y attendre ma correspondance au buffet en dégustant un genièvre sur glace et puis, après un voyage d’une petite demi-heure, je suis arrivé à destination. C’est dire si je ne suis pas allé bien loin. Une petite ville de la vallée de la Meuse, un patelin tout ce qu’il y a de provincial, cela dit sans aucune condescendance. Et, sur la grand place - une minuscule grand place - la librairie dont j’avais l’adresse. Je suis entré, me suis présenté à une dame ma foi fort aimable et lui dit en quelques mots l’objet de ma visite et, toujours aussi gentiment, elle m’a demandé d’attendre le patron, qui n’allait pas tarder. Et il n’a pas tardé; je me suis à nouveau présenté, j’ai déposé un exemplaire de “Mandrill” sur le comptoir, il a regardé la couverture, feuilleté distraitement les pages de papier glacé et puis il m’a dit que cela ne l’intéressait pas, qu’il ne faisait pas dans ce genre d’article. Sur le coup, je me suis imaginé faisant ce genre de métier depuis des années, en proposant des boutons de manchette, des cols durs, des fermetures-éclair ou des tourne-vis à des commerçants surchargés ou méfiants, ou bougons. J’ai rangé la revue dans mon sac, j’ai dit au revoir à la dame - le patron s’était déjà éclipsé sans même me saluer - et, après avoir quitté les lieux, j’ai flâné dans deux ou trois rues; j’ai vu quelques maisons qui avaient de l’allure, j’ai repassé la Meuse et me suis dirigé vers la gare. En passant, j’ai repéré un bistrot qui me paraissait sympathique, j’y ai bu un café, j’ai mis une pièce dans un vieux Juke-box des années cinquante reconverti pour disque C.D et j’ai écouté Johnny Halliday pendant que la serveuse nettoyait ses verres en papotant avec le facteur du coin, assis au comptoir. Et puis j’ai repris le train. Comme un modeste représentant de commerce, sans chi chi, sans manières...



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